Les articles

300 mots et une sélection de références autour d'un sujet géographique

Les brouillons

Idées griffonnées dans la marge des feuilles de cours

Les notes

Quelques mots des conférences, colloques, films, rencontres, etc.

Les photographies

Dans la besace du géographe, des photographies de quelques terrains parcourus

Les instantanés

Journaliste en vadrouille sur les routes de France et de Navarre

La géographie du genre et ses apports

feminist by © red-moonlight
feminist by © red-moonlight
     Cette semaine, j’inaugure un nouveau type d’épreuve : un oral pour sanctionner la séquence d’épistémologie de la géographie. Nous pouvons présenter un livre de notre choix au sein des bibliographies de la séquence, ou bien, répondre à une question parmi une trentaine.

     J’ai préféré le sujet 2 avec la question Quels sont les apports de la géographie du genre à la géographie ? Le temps de parole est de 7 à 10 minutes ! 

     Le genre est un sujet très délicat au sein de la géographie française. Les critiques sont féroces envers cette branche anglo-saxonne qui s’attache à la (dé)construction sociale qu’est le genre.

     Je suis Française. Lors de mon arrivée à Stockholm, j’étais aussi réticente que mes collègues ou professeurs. Et puis, j’ai découvert des réflexions bien plus subtiles que ce que nous offrent les détracteurs français. Le genre n’est pas une spécialité nordique mais le courant reçoit un écho favorable en raison d’un contexte social et politique marqué par une émancipation avancée de la femme. Mais employer la notion de genre en géographie ne se résume pas à l’activisme au sein de mouvements féministes. Oui, quelques géographes se sont interrogés sur le rôle de l’espace dans la construction du genre, et parfois des inégalités de genre. Mais le mouvement a également questionné nos outils, nos méthodes. Non, chaque article de géographie des genres ne conclut pas sur une critique de l’homme, blanc, occidental et hétérosexuel dominant l’autre, les autres.

     J’estime que l’on peut critiquer cette approche et ses résultats lorsqu’elle est exclusive, tout comme l’utilisation abusive française de la géopolitique !

     Autre souci du sujet : comment individualiser les apports de la géographie du genre parmi les évolutions de la géographie ? Depuis les années 1960, le genre n’est pas la seule préoccupation du géographe : la race et les post-colonial studies, la classe et la radical geography, un retour général à une approche qualitative mais aussi les SIG et le développement durable dont ont su s’emparer certains géographes. Alors, à qui revient le mérite ?

 Mon texte d'appui à l'oral
Mon texte d'appui à l'oral

Bibliographie sélective :
BERG Nina Gunnerud, FORSBERG Gunnel, (2003), Rural geography and feminist geography: Discourses on rurality and gender in Britain and Scandinavia, p 173-190, dans Voices from the North – New Trends in Nordic Human Geography, Ashgate: Aldershot
SETTEN Gunhild, (2003), Landscapes of gaze and practice, p 134-144, dans Norsk Geografisk Tidsskrift – Norwegian Journal of Geography, Vol 57, Oslo
CRAVEY Altha J., (2007), ‘El otro lado’ and transnational ethnographies, p 245-254, dans TICKELL Adam, SHEPPARD E, PECK J, BARNES T, Politics and Practice in Economic Geography, Sage: London

Avant la géopolitique, c'était simple

The ring is callin' by © AataRax-ya
The ring is callin' by © AataRax-ya
     Avant, c’était lorsque j’étais en Licence. La géopolitique était une approche méthodologique qui avait deux origines :
- une allemande avec les noms de Ratzel et Haushofer
- une anglaise avec Mahan et MacKinder


     Et puis, en France, la géopolitique était devenue taboue. Car la géopolitique était une science praxéologique utilisée par des politiques allemands, justifiant les actions du IIIème Reich. Alors à la fin des années 1970, des chercheurs tentant d’expliquer le conflit vietnamien, la révolution iranienne ou encore les manœuvres des Soviétiques en Afghanistan sortent du placard cet outil. Ils ne sont pas nombreux, Yves Lacoste sera le grand Monsieur.

     Durant ma licence, j’ai croisé le nom d’Yve Lacoste… Mes lectures, lorsque j’ai choisi la géopolitique comme option, m’ont amené à François Thual, Aymeric Chauprade, Michel Foucher et Stéphane Rosière en dehors des traditionnels auteurs d’Hérodote (Barbara Loyer, Béatrice Giblin, Jean-Luc Racine, Frédérique Douzet, Alain Gascon). C’était la licence, c’était le bon temps et j’ai pu écrire une introduction (english version) à la géopolitique française pour mes enseignants du département de géographie humaine à Stockholm. Un comble, Kjellén n’était pas Suédois ?

     Aujourd’hui, bienvenue dans les querelles de chapelle du monde académique parisien. La géopolitique, c’est une discipline (Yann Richard), c’est une approche qui ne devrait même pas être enseignée puisque ce n’est pas une discipline (Michel Foucher). Elle est au service de la praxis, elle est praxéologique (Michel Foucher) alors qu’à Nantes, et dans les propos de Sylvie Jaglin, la géopolitique n’était surtout pas une science praxéologique (ni une science, ni praxéologique) puisque c’est ce point précis qui amena aux dérives allemandes.

     La géopolitique a pour origine Carl von Clausewitz, Alfred Mahan et Julian Corbett (Yann Richard). Bon, on cherche tout de même à saluer les Français : Paul Vidal de la Blache, Jean Gottmann. Après tout, ils cherchaient eux aussi le lien entre espace et pouvoir politique.

     La renaissance de la géopolitique en France est due à deux hommes : Yves Lacoste, Jacques Soppelsa (dixit Jacques Soppelsa). Mais en réalité, il n’existe pas une géopolitique française mais une unique géopolitique (Yann Richard). A l’opposé, d’autres vous proposent une géopolitique française, une geopolitics anglo-saxonne, une démarche allemande et une tradition latino-américaine, un peu militaire tout de même ? Avec tout ça, j’ai même découvert une géopolitique italienne autour de la revue Limes, à l’origine d’Heartland.

     La puissance est un concept central de la géopolitique (Yann Richard). Il me semblait pourtant que la puissance était la notion centrale des relations internationales tandis que les enjeux de pouvoir sur un territoire occupaient les géographes que nous sommes. A propos, comment différencie-t-on la géopolitique de la géographie politique, de la géostratégie et des relations internationales ?

     Je vous épargne. Vous aussi, surfez sur la vague géopolitique !

Sélection d’enseignements :
DEBIE Franck, (2010), Géopolitique des processus de paix, ENS : Paris
DEBIE Franck, (2010), Géopolitique théorique, ENS : Paris
FOUCHER Michel, (2009-10), Géopolitique des frontières, ENS : Paris
FOUCHER Michel, (2009-10), Géopolitique des relations internationales, ENS : Paris
GRENIER Christophe, VERNICOS Sophie, (2007), Régions, Nations, Aires culturelles, Université de Nantes
JAGLIN Sylvie, LUQUIAU Clotilde, (2008), Géopolitique du monde contemporain, Université de Nantes
RICHARD Yann, (2009-10), Note de synthèse, Université de Paris 1 – Panthéon Sorbonne
SOPPELSA Jacques, (2009), Introduction à la géopolitique, Université de Paris 1 – Panthéon Sorbonne

Un espace fluvial, deux institutions : COEUR et ICIRMON

Édit du 22 janvier 2010 : Les comptes-rendus de cette série de visites dans la baie du Mont-Saint-Michel et de ses alentours sont disponibles.
Mon compte-rendu
En Bretagne, on peut joindre la Manche à l’Océan atlantique. Par une voie fluviale, longue de 152 kilomètres. Elle est composée de la Rance au Nord, de l’Ille au centre et de la Vilaine au Sud. Et pour joindre l’Ille à la Rance, on a construit un canal au XIXe siècle. Vite obsolète. Je veux dire en tant qu’axe commercial. 

Sur cet espace, deux établissement ont des missions de protection du milieu fluvial : au Nord, le COEUR (Comité Opérationnel des Elus et Usagers de la Rance) et au Sud, l’ICIRMON (Institut du Canal d’Ille et Rance Manche Océan Nord). 

Ce qui est intéressant, c’est que l’un est issu d’une déconcentration, l’ICIRMON ; l’autre est le fruit d’une décentralisation, le COEUR. Ils sont de la même époque : respectivement 1990 et 1994. Et qu’ils ont, chacun chez soi, réalisé les mêmes travaux. Une campagne de désenvasement d’un an, d’environ 90 000 m3 de sédiments, en un lieu précis à chaque fois et avec des outils comparables : l’aspiro-dragage. Forcément, ça donne envie de comparer un peu les choses. De savoir finalement ce qui est le mieux…
Balance by © aracir
Balance by © aracir

D’abord qui décide ? Là, il n’y a pas photo. Il vaut mieux être côté décentralisation : des communes, des communautés de commune, des départements, les chambres de commerce, d’industrie et d’agriculture, des associations, des comités de pêche, ERDF, l’Etat et même l’ICIRMON ! A l’ICIRMON, ce sont des conseillers généraux uniquement. Est-ce plus facile à prendre des décisions ? Ça être une autre question. 

Côté financement, peut-être qu’il est préférable de rester déconcentré… Certes qui dit association, dit cotisation. Mais en général, ça ne suffit pas. Et les subventions, ça fonctionne surtout lorsqu’on a un projet précis, pas pour un budget fonctionnel. 

Pour les deux campagnes de désenvasement qui nous intéresse, qui est le maître d’œuvre, le maître d’ouvrage ? Côté Nord donc sur le territoire du COEUR, c’est ERDF qui fait les deux à la fois. Le COEUR n’a pas la main. Côté Sud, l’ICIRMON est maître d’ouvrage et c’est la DDE qui met en œuvre. 

Autre critère, le projet de l’ICIRMON a coûté moins cher, deux fois moins cher, pour un volume curé légèrement supérieur. 

Alors ? 
© heckcareder
Dog on a weighing scale by © heckcareder
Eh bien, je vois mal comment départager ces deux établissements. En décentralisant, on perd sans doute en efficacité parce qu’on est plus nombreux à décider et que les accords, dans ces conditions, sont plus rares. Et puis on ne se bat pas tout à fait avec les mêmes outils : institutionnels, législatifs et financiers. Pour autant, en tant qu’usager, on a son mot à dire. Et on peut même être responsabilisé sur nos propres pratiques. Alors est-ce qu’on y perd, est-ce qu’on y gagne… sur le long terme, sur le court terme ? C’est à chacun d’en juger. Mais l’une et l’autre ne sont pas sans contraintes.

Sources :

Entretiens :
- Avec Alice Landais, membre de l’institut ICIRMON, le 7 mars 2008 à Dinan, dans les Côtes d’Armor
- avec François Lang, membre de l'association COEUR, le 22 octobre 2009 à Saint-Lunaire, dans l’Ille-et-Vilaine
et les sites Internet des deux établissements : COEUR et ICIRMON


Bibliographie sélective : 
COMMENT CA MARCHE ENTREPRISE, (2008), Maîtrise d’ouvrage/ Maîtrise d’œuvre, disponible à l’adresse http://www.commentcamarche.net/contents/projet/maitrise-ouvrage-maitre-oeuvre.php3
GEORGE Pierre, VERGER Fernand, (2006), 9ème édition, Dictionnaire de la géographie, Presse Universitaire de France : Paris
GOURMELEN Anne, (2003), Un fleuve côtier, la Rance : Impacts des activités humaines sur le milieu naturel, CRDP de Bretagne, disponible à l’adresse http://wwwcrdp.ac-rennes.fr/crdp_dossiers/dossiers/rance_patrimoine/sommaire.htm
LE PAYS MALOUIN, (12 septembre 2002), Qualité des zones de pêche à pied, Le pays Maloin : Saint Malo
LEVY Jacques, LUSSAULT Michel (dir.), (2003), Dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés, Belin : Paris
SCHNEIDER Grégoire, (2001), 
« Le curage des sédiments des cours d’eau », p 146-147, in Courrier de l’environnement n°43

Le barrage du Couesnon

Situation : Europe, France, Basse Normandie, le Mont-Saint-Michel ; Orientation : Sud
Le nouveau barrage, encore en cours de réalisation. Celui-ci devrait permettre au Mont-Saint-Michel de retrouver son caractère maritime. En effet, le Couesnon sera laissé plus libre qu'auparavant et limitera ainsi la sédimentation du chenal.

Le rocher de Tombelaine

Situation : Europe, France, Basse Normandie, le Mont-Saint-Michel ; Orientation : Est
Le Mont Dol, le Mont-Saint-Michel et le rocher de Tombelaine sont tous trois de même composition géologique = leucogranites à muscovite et biotite. Le Mont Dol était autrefois comme le rocher de Tombelaine c'est-à-dire entièrement maritime ; aujourd'hui au milieu des terres. Il est possible, dans la baie du Mont-Saint-Michel de visualiser ces 3 stades de sédimentation.

Le caractère maritime du Mont-Saint-Michel


Situation : Europe, France, Basse Normandie, le Mont-Saint-Michel ; Orientation : Ouest

L'avancée des slikkes qui font perdre le caractère maritime au Mont-Saint-Michel.

"Faut que c'est propre"

Édit du 22 janvier 2010 : Les comptes-rendus de cette série de visites dans la baie du Mont-Saint-Michel et de ses alentours sont disponibles.
Mon compte-rendu
Et si DD faisait son bout de chemin… DD, le développement durable*. Un thème rabâché dans les médias, employé à toutes les sauces par… à peu près tout le monde.


Justement, tout le monde, soit toi petit citoyen. « Faut que c’est propre. » est l’expression un peu sèche d’un cantonnier, quelqu’un chargé de l’entretien des voiries, sur le territoire d’action de l’association COEUR. (Comité Opérationnel des Elus et Usagers de la Rance) 


COEUR, c’est une association créé en 1994 alors que la Rance maritime, en Bretagne, souffre de quelques négligences. En particulier, ses eaux sont polluées. Car la population a augmenté dans les parages mais Saint-Malo ne dispose pas de station d’épuration. Donc nos eaux usées rejoignent la Rance qui pollue son cours mais aussi les eaux de baignade sur la côte. Conséquences : la pêche est interdite ou limitée, les plages ne disposent pas de certifications de qualité. Le tourisme en pâtit. Or le tourisme, c’est l’économie locale. 


Il faut donc une station d’épuration. COEUR accompagne ce projet d’infrastructure d’une campagne de sensibilisation. Et si on polluait moins ? C’est ainsi qu’elle en est venue aux produits phytosanitaires et quelque peu perturber notre cantonnier. 


Parce que nettoyer nos chemins et nos routes, les fossés et les talus, c’est bien souvent passer le désherbant. Aseptiser ! Pas de place pour la mauvaise herbe en ville. Et puis l’idée a fait son chemin. Et les vingt-quatre communes, adhérentes à l’association, ont abandonné nos amis, les agents chimiques. 
Who cut my grass? by © TomyMMX
Who cut my grass? by © TomyMMX
Sauf… en deux lieux. Il ne faut pas pousser le bouchon trop loin ! L’occasion aussi pour nous d’y regarder d’un peu plus près. C’est quoi, un lieu ? Un lieu*, c’est un construit. Ça veut dire que l’homme s’approprie ce point précis de l’espace. Il lui donne un nom bien souvent. Et puis il y a ses habitudes, peut-être elles-mêmes le reflet de traditions de sa famille, de son village, de sa communauté, etc..



Les deux lieux ? Le terrain de football et le cimetière.

Sources :
L'association COEUR dont on peut retrouver de nombreuses ressources sur leur site Internet.
Entretien avec François Lang, membre de l'association, le 22 octobre 2009 à Saint-Lunaire, dans l’Ille-et-Vilaine.


Bibliographie sélective :
GEORGE Pierre, VERGER Fernand, (2006), 9ème édition, Dictionnaire de la géographie, Presse Universitaire de France : Paris
LEVY Jacques, LUSSAULT Michel (dir.), (2003), Dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés, Belin : Paris
ADAMS William M., (2008), 3rd Edition, Green Development, Environment and Sustainability in the Third World, Routledge: London

Des micro-falaises


Situation : Europe, France, Bretagne, Basse Normandie, baie du Mont-Saint-Michel ; Orientation : Sud

Les micro-falaises qui terminent le schorre indiquent que la pente de celui-ci est orienté vers l'intérieur des terres. Le couvert végétal constitue les prés-salés.

La baie du Mont Saint Michel

Situation : Europe, France, Bretagne, Basse Normandie, baie du Mont-Saint-Michel ; Orientation : Nord 
De gauche à droite : le schorre surmonté d'un tapis végétal halophile puis la slikke, la tangue. Au premier plan débouche un chenal permettant le retour de l'eau des prés-salés à la mer.

Digue et poldérisation

Situation : Europe, France, Bretagne, Basse Normandie, baie du Mont-Saint-Michel ; Orientation : Nord-Est Est
Une digue qui permit, aux XVIIIe et XIXe siècles, le développement des polders et par donc, l'augmentation des surfaces cultivables.

Ces aménagements humains contribuent à la perte du caractère maritime du Mont Saint Michel, au fond.
Le polder se trouve actuellement à une altitude plus faible que les schorres et slikkes présentes au delà de la digue, partie Nord.

La slikke

Situation : Europe, France, Bretagne, Basse Normandie, baie du Mont-Saint-Michel
Dans cette zone humide littérale, tangue feuilletée parsemée de végétation halophile (qui aime le sel), type salicorne. La slikke, opposée au schorre, est régulièrement recouverte par la mer.

Du rococo ?

Situation : Europe, France, Bretagne, Dinard ; Orientation : Ouest
Du rococo ? Hôtel face à la rade de Saint Malo.

Le belvédère


Situation : Europe, France, Bretagne, Dinard ; Orientation : Nord-Ouest

Beaucoup de déclinaisons du belvédère sont visibles sur la corniche.

Du pseudo néo-gothique ?

Situation : Europe, France, Bretagne, Dinard
La ZPPAUP est aussi une manière de promouvoir le tourisme à Dinard avec des promenades, des commentaires sur les villas, leurs propriétaires actuels et passés. Il reste parfois difficile de déterminer le style architectural de chacune, le pseudo néo-gothique ?

De l'apparat


Situation : Europe, France, Bretagne, Dinard

Chaque villa possède son propre style avec de nombreux ajouts, comme cette entrée apposée à une bâtisse.

L'observatoire de Dinard


Situation : Europe, France, Bretagne, Dinard ; Orientation : Est

Afin de protéger ce patrimoine pour le moins hétéroclite, la ville de Dinard a inscrit ces villas à une ZPPAUP, Zone de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain et Paysager. Ici, l'observatoire de la ville.

La corniche de Dinard


Situation : Europe, France, Bretagne, Dinard ; Orientation : Est


La corniche de Dinard, qui fait face à la rade de Saint Malo est apprécié du tourisme balnéaire dès le XIXe siècle avec la venue de populations aisées, en particulier les Anglais initiés plus tôt aux joies du bain.

Etudier la géographie en Suède

 KRICHEWSKY Léna, MILHAUD Olivier, PETTINAROLI Laura, SCOT Marie (dir.), (2007), Guide de l’étudiant européen en sciences sociales, Belin : Paris
Ce petit livre bleu synthétise quelques expériences Erasmus afin de guider les nouveaux étudiants dans cette aventure. Dans le cadre de l’épistémologie, cet ouvrage nous offre un panorama de la géographie en Europe. Chaque pays présente une communauté, ses grands noms, une discipline plus ou moins académique, des spécificités. Après un échange de 10 mois à l’université de Stockholm, je tente l’exercice pour la géographie en Suède.
3 Etudier la géographie en Suède

     En Suède, on suit une Licence de géographie humaine ou bien une des Licences de géographie physique. Chaque enseignement vaut 7,5 ECTS soit 5 semaines, ce qui facilite les comptes Erasmus ! En Master, un enseignement est égal à 15 ECTS soit 10 semaines. On enchaîne un cours après un autre sans chevauchement. Le calendrier universitaire est de 40 semaines soit 10 semaines de plus qu’en France. C’est un long travail d’endurance

     En règle générale, un enseignement comporte des lectures, des seminars et éventuellement des laboratories (pour la méthodologie). Attention, les premiers temps peuvent être déconcertants, l’enseignant est un animateur plus qu’un professeur : il répartit le temps de parole, recentre les débats durant les seminars ; présente la littérature durant les lectures, répond à d’éventuelles questions. Mais l’enseignant ne donne pas son avis, ne prend pas position dans un débat. Le retour en France peut s’avérer difficile aussi !

    Excepté durant les enseignements de méthodologie, chaque semaine comprend, en moyenne, quatre heures de présence réelle à l’université. L’essentiel du temps est composé de lectures obligatoires qui font l’objet d’examens, les home assignments. La participation au séminaire est également jugée ce qui exige une préparation. Souvent, un « dossier » valide une matière. Plus spécifiquement à la géographie, les sorties terrains sont nombreuses mais ce sont les étudiants qui les préparent. Les professeurs ajoutent des éléments ponctuels.

     Les devoirs sur table sont rares car ils mobilisent du personnel (un surveillant pour 10 étudiants), des locaux. Le home assignment est un devoir de 24, 48 ou 72 heures. L’énoncé du devoir est déposé sur la plateforme pédagogique à 9h et les réponses doivent être postées dans les heures qui suivent.

     En général, le travail écrit est essentiel dans le cursus du géographe. L’obtention de la Licence est sanctionnée par un travail de recherche de 30-50 pages, le Master par un mémoire, etc. On exige des étudiants une rigueur et une précision bien plus élevée qu’en France. Le système de référence est très développé, il est impératif de justifier ses écrits, de se placer par rapport aux auteurs internationaux, aux courants de pensée.

     L’ensemble de ces éléments est inscrit sur le livret du cours distribué lors de la première séance : objectifs, langue d’enseignement, calendrier, devoirs, bibliographie. Beaucoup d’enseignements se font en langue anglaise mais pas l’intégralité. Souvent, les Masters sont en anglais. Pour un échange Erasmus, les deux calendriers correspondent bien puisque les Suédois commencent plus tôt, mi-août, et finissent fin mai (pas d’interruptions de cours au second semestre). Toutes les universités suédoises ne proposent pas la géographie, en particulier la plus ancienne Uppsala. Göteborg possède un département pointu en géographie économique. La géographie du tourisme est une spécialité de Umeå, avec une participation des géographes allemands.

Bibliographie sélective :
KRICHEWSKY Léna, MILHAUD Olivier, PETTINAROLI Laura, SCOT Marie (dir.), (2007), Guide de l’étudiant européen en sciences sociales, Belin : Paris

Contours de la géographie en Suède

 KRICHEWSKY Léna, MILHAUD Olivier, PETTINAROLI Laura, SCOT Marie (dir.), (2007), Guide de l’étudiant européen en sciences sociales, Belin : Paris
Ce petit livre bleu synthétise quelques expériences Erasmus afin de guider les nouveaux étudiants dans cette aventure. Dans le cadre de l’épistémologie, cet ouvrage nous offre un panorama de la géographie en Europe. Chaque pays présente une communauté, ses grands noms, une discipline plus ou moins académique, des spécificités. Après un échange de 10 mois à l’université de Stockholm, je tente l’exercice pour la géographie en Suède.
2 Contours de la géographie en Suède

     En Suède, comme dans l’ensemble des pays nordiques, la géographie appartient aux sciences de la terre. Les géographes suédois ont su profiter de l’émergence des sciences de l’environnement afin de consolider leur rôle dans la société. Au sein du Geovetenskapens hus, un département de géographie humaine Kulturgeografiska est délimité. Le terme de géographie est souvent restreint à l’usage de ce département. Malgré son institutionnalisation, la géographie n’est qu’une option du cursus secondaire. Par conséquent la géographie humaine, méconnue des étudiants, forme de petits effectifs mais un meilleur encadrement.

     Tout comme les géographes français, les Suédois s’attachent à conserver un large champ disciplinaire. La spécificité suédoise est la Time Geography initiée par Hägerstrand. Pour quelques applications françaises, on pourra consulter les travaux de Sonia Chardonnel à Grenoble. Cependant, cette démarche plutôt quantitative demeure ponctuellement utilisée au sein des recherches universitaires. La géographie du genre, d’origine anglo-saxonne, est incontournable dans les recherches suédoises. Ces deux approches géographiques s’illustrent au sein des projets d’aménagement du territoire, toujours lié à la géographie.

    A l’université de Stockholm, l’historical geography, également en provenance du monde anglo-saxon, bénéficie d’une équipe de recherche propre. Elle s’attache à une géographie de l’histoire, à l’épistémologie au travers d’outils mobilisés par les historiens (la carte, le cadastre, le carnet de voyage), au paysage comme une superposition de périodes historiques. 

     L’absence de la géopolitique interroge encore les Français. Certes Kjellen était suédois mais c’est au contact de la géographie allemande qu’il établit le terme de geopolitik. Les geopolitics anglo-saxonnes, qui ne sont pas proprement géographiques, n’ont pu intégrer le cursus suédois. La géographie suédoise est-t-elle hermétique à l’étude du politique ? Pas tout à fait, la political ecology, toujours en provenance du monde anglo-saxon, est mobilisée dans des études rurales des Suds.


     L’outil du géographe suédois est le SIG qui suppose une maîtrise des outils de cartographie ainsi que des statistiques. On insiste aussi sur la « mise en page » du SIG afin de communiquer vers un public non-connaisseur. Les étudiants de licence reçoivent en moyenne 60 ECTS d’enseignements méthodologiques ce qui leur assure des débouchés sur le marché du travail. La France étant une exception, il n’existe pas de cursus « professionnalisant » en Suède. 

    La géographie communique avec d’autres sciences : les sciences de la vie, la chimie, la physique, l’informatique. A Stockholm, il existe des passerelles entre les bâtiments. La géographie humaine communique plus facilement avec la démographie, parfois avec l’économie. 

     Les géographes suédois s’imprègnent des courants qui traversent la communauté anglo-saxonne. La revue Human Geography est publiée en langue anglaise. Les équipes universitaires scandinaves et nordiques sont aujourd'hui supplantées par de plus larges programmes européens. Ainsi Brita Hermelin et Lukas Smas participent National, European and Global Networks.


Bibliographie sélective :
KRICHEWSKY Léna, MILHAUD Olivier, PETTINAROLI Laura, SCOT Marie (dir.), (2007), Guide de l’étudiant européen en sciences sociales, Belin : Paris


NB : Pas de - 1 Brève histoire de la géographie en Suède -, je n'ai pas les connaissances pour l'écrire.

Geography Map

Le 16 septembre 2009, 12h15, Mme Collignon : 
Il faut préférer la terminologie « les géographes » à celle de « la géographie » dans nos devoirs. Youhou, allons-y gaiement ! 

Afin d’appliquer cette règle, fichtrement cool et tendance, il serait bon, me semble-t-il de mieux connaître nos prédécesseurs. Avec des moyens modernes et ludiques, qu’est-ce que t’en penses, Hortense ? Du haut de mes petits 22 ans, j’imagine assez bien une carte des géographes. Oh, une carte de géographes, c’est magnifique. Ce serait une carte, à la manière des music maps, comme ça. Ainsi, tu tapes le nom d’un géographe et un nuage de géographes proches apparaissent. Les liens de proximité seraient établi grâce à une base de données recensant les géographes, leurs directeurs de mémoire/ thèse/ HDR, leurs équipes de recherche, leurs collaborations au sein d’articles et d’ouvrages. On compléterait avec les liens familiaux et matrimoniaux. Ce serait tellement beau.

La Time Geography

© B a r ش a { أحبج يا كويت }
     La Time Geography est la spécialité suédoise en matière de géographie. C’est sur cette association du temps et de l’espace que l’étudiant Erasmus ressent quelques difficultés de compréhension. Pourtant, il ne faudrait isoler cette démarche au risque de lui offrir une place démesurée dans la production académique suédoise. En effet, la Time Geography est une méthode quantitative or, tout comme en France, un retour au qualitatif succède au approches quantitatives des années 1960.

     La Time Geography s’organise autour du professeur Torsen Hägerstrand. Celui-ci profite des débuts des techniques informatiques afin d’intégrer l’échelle du temps aux déplacements dans l’espace. Hägerstrand travaillera les grandes échelles. Il s’agit, par exemple, de représenter les déplacements dans l’espace de quatre membres d’une famille au cours d’une journée « ordinaire ». Il faut noter que la géographie est traditionnellement associée aux sciences de la terre en Suède. A l’opposé, les géographes français entretiennent un lien singulier avec l’histoire. Par conséquent, intégrer l’échelle du temps à l’espace s’exprime différemment dans nos deux pays.

     Aujourd’hui, la Time Geography est intégrée comme simple outil de recherche au sein d’articles suédois. Elle peut être associée au SIG.

     Thulin et Vilhelmson ont mobilisé cet outil afin d’étudier la redistribution des mobilités auprès des jeunes populations suédoises avec la diffusion du téléphone portable et d’Internet. Leur introduction dans nos sociétés a annoncé « la mort de la géographie ». Pourtant…

     Avec Internet, le temps passé à la maison augmente au détriment d’activités telles que le sport, le cinéma, les sorties aux café, etc.. Le déplacement dans l’espace physique est restreint. Dans une certaine mesure, Internet renforce des relations. Les listes d’« amis » sont composées de personnes que l’on côtoie ou que l’on a connues. Alors, il serait difficile de parler d’isolement social. Internet contribue aussi au maintien de relations, parfois ténues, tandis qu’une plus grande mobilité nous ait demandée.

      Le téléphone mobile diffère. Tout d’abord, il évite l’attente du coup de fil à la maison donc il prom eut la mobilité. A l’opposé de quelque utilisateur d’Internet, socialement isolé, le téléphone portable traduit une intense vie sociale. Cependant, l’échelle du temps est accélérée et l’utilisatrice se trouve en permanence connectée, en permanence disponible.

     Enfin depuis quelques temps, vous pouvez être mobile dans l’espace physique ainsi que dans un espace virtuel. Les transports en commun sont les lieux les plus représentatifs lorsque vous regardez la télévision, discutez avec des amis ou écoutez de la musique tout en vous déplaçant d’un point A à un point B.

      Pour un exemple français, on pourra consulter l'article de Sonia Chardonnel qui compare la mobilité au sein des parcs naturels dans la Revue de Géographie alpine.


Bibliographie sélective :
LENNTORP Bo, (2008), Time Geography - a brief presentation
THULIN Eva, VILHELMSON Bertil, (2008), The Internet, Mobile Phones and the Geographies of Everiday Life, Department of Human and Economic Geography : University of Gothenburg