No 43 - Le français, cette langue étrangère


Ouagadougou, le 29 juillet 2010, 14h 

A force d’observation de mes camarades qui galèrent à la re-digestion de trois dépêches AFP en quatre heures et demie tandis que cinq minutes me suffisent, je pense pouvoir affirmer que le français est une langue étrangère au Burkina Faso. Pourtant le français est la langue officielle… 

A priori, la loi n’est jamais passée et on distingue langue officielle et langues nationales. Le français ne compte pas parmi les langues nationales. 

Mais le français est la langue de secteurs clef : éducation, administration. Oui, le français est la langue d’une bureaucratie mais il n’est qu’imparfaitement maîtrisé et les Burkinabè ne l’emploient pas entre eux. L’écolier ne l’emploie qu’au sein des leçons et raconte sa journée dans sa langue d’origine à sa famille. Le vendeur d’une recharge Zain, croisé au carrefour SIAO, s’exprime en jula et peine à me lire les 14 chiffres inscrits sur la carte. Et les journalistes de l’équipe de rédaction cherchent leurs mots dans des dictionnaires de la francophonie, lisent leurs confrères à l’aide d’un dictionnaire. 

En immersion parmi les classes supérieures burkinabé, je reste dubitative quand au sort réservé au français. Avec leurs domestiques, ils s’expriment en jula. Selon les familles, ils parlent en jula, moré ou dans la langue de leur ethnie avec les enfants et entre époux. Certaines familles, souvent chrétiennes (sans aucune généralisation possible), insistent sur l’usage du français à la maison. Néanmoins, les enfants scotchés à la télévision et surtout à Canal Satellite dès l’allaitement devraient développer une meilleure maîtrise de la langue.

0 commentaires: