No 92 - Un journalisme, des journalismes


Ouagadougou, le 23 août 2010, 15h30 

Rama a un répétiteur en mathématiques. Je dis toujours un précepteur. Oui, je suis en mode société patricienne. Parce que chez nos amis les riches, le personnel domestique est très nombreux : le gardien, la domestique, la gouvernante, le(s) précepteur(s), la dame lessive, le monsieur repassage, la dame couture et le jardinier. Et d’ailleurs ça a mal fini, chez les patriciens. 

Le répétiteur ? Le répétiteur était très étonné qu’une Française vienne apprendre le journalisme au Burkina Faso. Pour lui, le journalisme a été apporté ici par les Français : le monde à l’envers en quelque sorte. 

J’avoue ne pas avoir réfléchi à la question : qui a appris le métier de journaliste à qui ? Mais j’avais cette volonté d’apprendre le journalisme africain. J’ai même eu un projet, à la rentrée 2008, de réaliser mes études de journalisme sur le continent, dans une université anglaise. 

Je crois que c’est l’effet discours de Dakar. Suite au discours de Dakar, la presse africaine produisait des analyses intéressantes au ton impertinent. Mais il est vrai qu’il s’agissait là de morceaux choisis au soin du Courrier International

La presse française et occidentale, je pense, rencontre des difficultés. « Un journaliste est quelqu’un qui lit le journal. » c’est ce que m’a dit un ami il y a peu de temps. Remarque pertinente. 

Je pensais venir au Burkina Faso et apprendre un métier de terrain. Je pensais que le journaliste burkinabé était sur le terrain, allait à la rencontre des populations, réalisait des enquêtes et des échanges moins sophistiquées, plus humaines. Et j’aurais aimé rencontrer cette liberté de ton que j’avais aperçu lors du discours de Dakar. Point de tout ça auprès des journalistes de la RTB qui répondent à une invitation, digèrent le compte-rendu de la cérémonie que l’organisateur leur a remis et qui reçoivent bien souvent un bon d'essence. 

C’est aussi une réalité du métier de journaliste au Burkina Faso. Malheureusement pour moi, je ne suis pas satisfaite dans mon apprentissage du métier.

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