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300 mots et une sélection de références autour d'un sujet géographique

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Quelques mots des conférences, colloques, films, rencontres, etc.

Les photographies

Dans la besace du géographe, des photographies de quelques terrains parcourus

Les instantanés

Journaliste en vadrouille sur les routes de France et de Navarre

No 89 - L'offrande de sucre


Ouagadougou, le 19 août 2010, 21h 

Durant le ramadan, ou quelques temps auparavant, il est de tradition d’offrir du sucre à ses amis musulmans.

No 88 - Le militaire du coin


Ouagadougou, le 19 août 2010, 13h30 
Sophie-rata

Il est seul, il se poste sur le bas côté de la route et il arrête voitures et motobylettes. C’est un racketteur. Si vous ne possédez pas l’ensemble des papiers ou si votre véhicule présente quelque défaut, il vous laissera passer en échange d’une somme d’argent (à la tête du véhicule, comme il se doit ici). Mais il vous laissera passer.

No 87 - Apprends à la sortie de l'école


Ouagadougou, le 18 août 2010, 19h30 

Harouna Sana est au commande, j’attends patiemment le retour de Prosper. Et j’ai remarqué qu’en quittant le travail à 19h, en lieu et place de 19h30, je peux rattraper mon ennui en discutant avec les personnes présentes à la sortie. 

Oui, l’échange avec les techniciens, le gardien du parking, d’autres journalistes, voir les militaires, permet d’en apprendre bien plus en 5 minutes que lors de mes 9 heures assises dans la salle de rédaction. 

Aujourd'hui, j’ai pu comprendre la formation des journalistes au Burkina Faso. Deux voies existent : l’Institut des Sciences et Techniques de l’Information et de la Communication et un diplôme de l’UFR de communication à Ouagadougou. Leur formation comprend des cours d’investigation tout comme les formations européennes. Malheureusement ces enseignements n’ont que peu d’utilités. Les initiatives personnelles sont fortement réprimandées. A court terme, le journaliste apprend à attendre d’être invité à une manifestation, à digérer le compte-rendu que l’organisateur lui propose.

No 86 - J'ai froid !


Ouagadougou, le 18 août 2010, 00h 

Après le report, à trois reprises, de son départ pour la France, mon parrain quitte le pays ce soir. Nous sommes quelques membres de la grande famille assis autour d’un thé sur le parking de l’aéroport. Et j’ai froid. J’ai froid, il fait 24°C. 

J’ai changé de famille aujourd'hui et de quartier aussi. Je me trouve à Tampouy dans une maison à l’architecture différente puisqu’elle possède trois niveaux. Les maisons dans lesquelles j’ai précédemment séjourné avaient un seul niveau.

No 85 - Des ignames


Ouagadougou, le 17 août 2010, 21h 

Parlons gastronomie. 

Yum Yam by ~WingLeChin 
Lors du dîner, j’ai découvert les ignames. 

Les Burkinabè mangent donc de la viande mais aussi des chenilles. Lorsque que la saison des chenilles arrive dans le Sud-Ouest du pays, les habitants ne consomment plus de viande. 

Le plat préféré au pays est le , accompagné d’une sauce. La sauce gombo effraie un peu le touriste par son aspect vert gluant mais le peut être consommé avec une sauce oseille ou des épinards. Dans le rayon des céréales, on retrouve l’atieke, le founiou. Néanmoins, le riz demeure la céréale la plus consommée. Toutes les céréales sont accompagnées d’une sauce, la sauce arachide est ma préférée. En encas, les gens grignotent des arachides ou du maïs grillé (c’est la saison). 

Parmi les légumes et légumineuses, on mange des pommes de terres, des ignames, quelques haricots verts, des courgettes, des patates douces et des allocos. Chez nos amis les riches, on retrouve parfois une entrée, à la mode occidentale, composée de salade, maïs, tomates, concombre, oignons et avocat

Le 18 juillet, je n’aimais pas l’avocat. Aujourd'hui, j’en mange tout plein. L’avocat est un gros fruit rond à la peau lisse. Sur les étales, je ne le repère jamais. 

Du côté des fruits, on mange de la pastèque, des oranges, des tangelos, des papayes, des mangues, des bananes. Néanmoins les fruits sont rares malgré la saison de l’hivernage. Alors en dessert, on mange également la dégué.

No 84 - Du menu au conducteur


Ouagadougou, le 17 août 2010, 10h 

Que fait-on du menu griffonné sur le papier lors de la réunion journalière ? 

- On détermine l’évènement à la une. Pour cela, il faut trier les informations selon leur importance. Cet exercice est difficile puisqu’il ne repose pas sur des règles d’objectivité. Par exemple, la radio nationale choisira toujours de débuter son journal par un évènement qui met en scène Blaise Compaoré quelque soit la gravité ou l’impact des autres faits de l’actualité. 

- Dans le reste des nouvelles, on recherche des éléments similaires afin d’isoler une rubrique : économie, agriculture, santé, etc.. 

- Le journal sera donc constitué de deux ou trois rubriques, séparées par des flashs, soit un jingle musical. 

- On ajoute une page internationale (que je fais lorsque Prosper est là, aujourd'hui c’est Harouna), le sport (réalisé par un autre service de la radio) et enfin une chronique (société, santé…). 

- Si le journaliste veut parler entre les reportages, il introduit une ligne micro précisément avant ou après le reportage qu’il souhaite introduire ou commenter. 

De manière concrète 

Le menu de ce matin : 
- le cinquantenaire au Gabon 
- le suivi de la campagne agricole 
- le cinquantenaire au Congo 
- la fermeture du site de Bourzanga 
- les consultations bilatérales sur la coopération japonaise 

Le conducteur d’Harouna Sana : 



Avec Prosper, nous aurions préféré ouvrir avec le cinquantenaire au Gabon puisque le président du Faso s’y est rendu, puis enchaîné sur le cinquantenaire au Congo et clore cette rubrique plutôt relations extérieures par les consultations japonaises. Dans une seconde rubrique, nous aurions l’économie des matières premières avec la campagne agricole et l’orpaillage.

No 83 - Particularités du français


Tengrela, le 16 août 2010, 15h 

Quelques expressions, détournements du français repérés : 

Bonne arrivée 
On va demander la route. 
Je te dis. 

chose pour truc 
converser pour discuter 
gâter pour abimer, casser un objet 
présentement pour maintenant 
propre pour bien, correct 
soutien pour soutien-gorge 
sucreries pour Fanta, Sprite et Coca-Cola viveur pour bon vivant

No 82 - Des Stakeholders en action


Tengrela, le 16 août 2010, 12h30 

A quelques minutes de mon départ, nos stakeholders préférés se sont meut. Et c’est toujours plus drôle. D’accord, c’est un plaisir un peu bizarre, un peu similaire à certains personnels de la santé qui voient les microbes se balader, idem

Nous étions à la cérémonie du troisième jour (après le décès de la maman) et tous ces hommes avaient revêtu leurs plus beaux apparats. La tension était palpable. Il fallait gérer cette cérémonie pour le chef, la foule nombreuse. Mais cela devait-être rondement mené, le chef quittait le village dès la cérémonie terminée alors que les festivités, la bouffe, ne faisaient que commencer. 

Et voilà t’y pas que la touriste, la Blanche, la filleule du chef, quitte la cérémonie sitôt terminée pour un tour de motobylette auprès des autres villages du canton qui bordent le lac. 

Tour de motobylette avec un cousin, même pas un Tou, représentant d’un de ces villages périphériques… 

Le riche téléphone, le petit chef caquette, l’autre tient tête « J’avais la permission de Fulgence, c’est lui le chef ». 

D’autres jeux de pouvoir, 

Dans la sphère religieuse, toujours à cette cérémonie, l’imam local présidait quand soudain, un cousin germain du chef (fils de l’oncle maternel), imam au Mali a débarqué, en retard qui plus est… 

Ou encore, quelques marmonnements sur le cousin ministre qui apparait au village, armé de bons d’essence, à l’approche des élections.


No 81 - Genre, race


Tengrela, le 16 août 2010, 9h30 

Je suis au second rang, à l’arrière de mon parrain, entourée d’hommes musulmans, seule blanche s’il est besoin de préciser. Et ce, pour la troisième cérémonie consécutive. 

Au sein des relations de genre, la race joue aussi son rôle. C'est écrit dans les livres. Et dans cette situation, il faut bien reconnaître que la femme blanche (assise dans un fauteuil à proximité du chef) ne jouit pas du même statut que la femme noire (accroupie sur un muret à l’intérieur de la concession). Alors pourquoi suis-je placée ici ? Parce que je suis de la famille africaine, parce que mon parrain souhaite garder un œil sur moi, parce que mes tontons me veulent à leurs côtés, parce que je suis une touriste (et qu’il faut qu’elle voie), parce que ça leur fait simplement plaisir de me montrer, parce que… 

Comme lors d’escapades en motobylette, mieux vaut éviter d’y penser sinon tu risques de perdre le fil de la cérémonie. Et donc de ne pas satisfaire ce désir de regarder.

No 80 - Vue


Tengrela, le 16 août 2010, 8h45 

Une petite albinos au village 

NB du 19 août 2010 : 

Pour construire ma page internationale du jour, je me suis intéressée à une affaire sanglante en Tanzanie. 

# En Tanzanie/ un Kenyan a été condamné hier à 17 ans de prison et une amende de 50 000 $ pour avoir tenté de vendre un albinos// L’albinos a été escorté jusqu’à son domicile au Kenya par les autorités tanzaniennes// 

Je discutais de cette affaire avec Roucky, une tantie. Elle me disait qu’il était courant en Afrique de l’Est mais aussi au Nigéria d’utiliser des membres d’albinos pour des rituels, de la sorcellerie. Ils apportent richesse et santé. 

Au-delà même de tels actes de sorcellerie, les matrones étouffaient ces enfants a-normaux il y a encore peu de temps. Aujourd'hui, les femmes se déplacent au centre de santé primaire et sociale (CSPS) ou au dispensaire. Par conséquent les albinos sont plus visibles dans les villages.