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Journaliste en vadrouille sur les routes de France et de Navarre

No 47 - Trois mariages


Ouagadougou, le 31 juillet 2010, 11h 

C’est la saison des mariages et aujourd'hui, c’est un marathon. Le Ramadan approche et les mariages doivent être célébrés auparavant. Il existe aussi une petite saison des mariages, en décembre. De manière générale, on recherche la fraîcheur de cette saison des pluies. 

Les mariages commencent le jeudi avec des cérémonies traditionnelles. Le samedi, il s’agit du passage à la mairie, l’occasion de découvrir la mairie centrale de Ouagadougou. Les mariages étant nombreux, on procède à des groupements. Toutes les demi-heures, on bénit un nouveau couple. 

Play-Station : Jusqu’ici, mes observations m’ont amené à penser que les couples mixtes au Burkina Faso étaient souvent composés d’une femme blanche plutôt qu’un homme blanc. Cette simple observation mériterait une vérification statistique avant une quelconque interprétation.

No 46 - De la viande bis


Ouagadougou, le 31 juillet 2010, 10h 

C’est samedi et j’ai pris mon WE. Pris parce que le chef n’arrivait pas à se décider et moi, je suis fatiguée… 

Et ce matin, Fousseni est allé chercher spécialement des viennoiseries pour le petit déjeuner… des viennoiseries à la viande. 

Non, je ne déteste pas la viande mais en petit être fragile que je suis, j’apprécie les filets, dégraissés, dénervés… Oui, c’est culturel ; non, ce n’est pas une question de goûts.

No 45 - Des chiffres


Ouagadougou, le 30 juillet 2010, 15h 

Depuis trois jours maintenant, la rédaction me fait un peu plus confiance : j’écris les dépêches de l’actualité internationale, les annonces. 

Et je m’aperçois que je cherche les chiffres, le macabre : combien de morts dans les inondations du Pakistan, en plus de l’accident d’avion et des attentats. J’ai souvent reproché cette absence de signification des chiffres chez les journalistes. Je suis en plein dedans. Pourtant je me suis prise au jeu : annoncer avant tout le monde dans la rédaction les nouvelles fraîches. Dernièrement, l'arrestation de trois Kenyans dans l’enquête sur les attentats de Kampala. C’est à la fois captivant et flippant.

No 44 - Service public ?


Ouagadougou, le 29 juillet 2010, 22h 

Ce soir, en discutant au téléphone avec mon parrain, j’ai compris que le problème des relations dans l’équipe de rédaction n’était pas seulement dû à un mauvais souvenir. 




Mon parrain était présent à l’entretien avec le DRH, celui qui aime le froid. Il a été marqué par la petite phrase clef « vous ne passerez pas à l’antenne durant votre stage ». Il se pourrait que la radio nationale se méfie de ces jeunes Blancs, chevaliers servants qui émettraient quelques critiques et jugements en direct sur les ondes burkinabé.


No 43 - Le français, cette langue étrangère


Ouagadougou, le 29 juillet 2010, 14h 

A force d’observation de mes camarades qui galèrent à la re-digestion de trois dépêches AFP en quatre heures et demie tandis que cinq minutes me suffisent, je pense pouvoir affirmer que le français est une langue étrangère au Burkina Faso. Pourtant le français est la langue officielle… 

A priori, la loi n’est jamais passée et on distingue langue officielle et langues nationales. Le français ne compte pas parmi les langues nationales. 

Mais le français est la langue de secteurs clef : éducation, administration. Oui, le français est la langue d’une bureaucratie mais il n’est qu’imparfaitement maîtrisé et les Burkinabè ne l’emploient pas entre eux. L’écolier ne l’emploie qu’au sein des leçons et raconte sa journée dans sa langue d’origine à sa famille. Le vendeur d’une recharge Zain, croisé au carrefour SIAO, s’exprime en jula et peine à me lire les 14 chiffres inscrits sur la carte. Et les journalistes de l’équipe de rédaction cherchent leurs mots dans des dictionnaires de la francophonie, lisent leurs confrères à l’aide d’un dictionnaire. 

En immersion parmi les classes supérieures burkinabé, je reste dubitative quand au sort réservé au français. Avec leurs domestiques, ils s’expriment en jula. Selon les familles, ils parlent en jula, moré ou dans la langue de leur ethnie avec les enfants et entre époux. Certaines familles, souvent chrétiennes (sans aucune généralisation possible), insistent sur l’usage du français à la maison. Néanmoins, les enfants scotchés à la télévision et surtout à Canal Satellite dès l’allaitement devraient développer une meilleure maîtrise de la langue.

No 42 - De la viande


Ouagadougou, le 29 juillet 2010, 12h 

En guise d’encas, une des stagiaires a amené des morceaux de foie et de cœur dans la salle de rédaction. Dur de refuser face à une telle intention…

No 41 - Petit mot


Ouagadougou, le 29 juillet 2010, 7h 

Petit mot glissé par Saïd qui aura 8 ans mardi prochain.

No 40 - Quand le chat n'est pas là, les souris dansent


Ouagadougou, le 28 juillet 2010, 20h 

Aujourd'hui, mon maître de stage était absent. Et aujourd'hui, trois de mes brèves sont passées au journal de 13h de Prosper Da, quatre au journal de 19h. 

Et puis, j’ai aussi déterminé un programme avec le directeur de la rédaction. 

Une bonne journée !

No 37 - Cherche Mélanie, Science-po Toulouse, ancienne stagiaire à RTB



Ouagadougou, le 27 juillet 2010, 20h 

Chère Mélanie, 
Je suis actuellement stagiaire à la RTB que tu as quittée il y a peu de temps. Malheureusement le climat est à la méfiance avec moi ce qui rend mon apprentissage difficile. Il semblerait que tu aies manqué, à plusieurs reprises, de respect envers le personnel et tes formateurs. Je me garderai bien d’exprimer des reproches n’ayant qu’une version des faits. Toutefois, j’aimerais te faire remarquer que tes agissements dans un pays lointain, une entreprise vite oubliée, tes paroles un peu pressées ne sont pas sans conséquences.

No 36 - Des horaires de bureau


Ouagadougou, le 27 juillet 2010, 19h30 

Je me suis égosillée durant un moment ce soir afin d’obtenir et comprendre des horaires pour mon stage. Les Burkinabè ne sont pas très horaires de bureau. 

J’ai obtenu : 
entre 8h30 et 9h – 13h30 
entre 15h et 16h – 19h30 
sauf le mardi où nous avons une réunion hebdomadaire à 8h dans l’équipe de rédaction 

Mais je ne sais toujours pas si je travaille ce week-end.

No 32 - NTIC, quand vous nous tenez


Ouagadougou, le 26 juillet 2010, 17h 

En fait, j’ai un objectif, autre que scolaire, pour ce voyage : décrocher de mon ordinateur et des réseaux sociaux. 

Sauf que voilà, je suis mal partie. J’ai un téléphone avec une carte SIM locale et la rédaction a un accès Wifi. Je ne suis pas sûre de pouvoir tenir mon objectif. 

Dès l’aéroport, les vendeurs vous sautent à la gorge pour que vous achetiez une carte SIM. Les Burkinabè possèdent, en général, plusieurs numéros : un pour chaque opérateur. Chaque opérateur présente son avantage : couverture, prix, numéro favori. Et chacun tente, en vain, une fidélisation de leurs abonnés.

No 30 - Au menu


Ouagadougou, le 26 juillet 2010, 9h 

Au menu du journal de 13h ce jour : 



- revenir sur les inondations 
chiffres, lieux 
interview du ministre 
- forum sur la promotion de la femme 
- réunion sur le transfert de compétence de l’Etat aux communes 
- formation sur les instruments juridiques de l’éducation 
- page internationale
- sport 
- revue 
- faits divers 

présentation d’Harouna Sana, le maître de stage

No 29 - Prise de service


Ouagadougou, le 26 juillet 2010, 8h 

Retour dans le bureau glacial du DRH, je vais attraper un rhume avec 18°C. Après ce passage et l’obtention de ma note de service de prise de fonction, j’ai assisté à la réunion journalière de l’équipe de rédaction. 


Lors de ces réunions, on revient sur les journaux de la veille 12h, 13h, 18h, 19h, 22h et minuit jusqu’à la matinale du jour 6h et 7h. L’équipe a repéré les petites erreurs, les soucis de rythme (trop de brève, une page sport trop longue), les oublis. En pleine période électorale, la rédaction est vigilante à la répartition des temps de parole. Ensuite on établit un menu qui permettra de définir le conducteur du journal de 13h.

No 28 - Bienvenue chez les riches


Ouagadougou, le 25 juillet 2010, 17h 

Les choses sérieuses commencent. 


Je quitte les bras de mon parrain. Sans trop de risques, je l’accorde volontiers puisque je suis confiée à quelques un de ses frères, à la grande famille. 

A Ouagadougou, je rejoins la vie des riches : les 4X4 et leur chauffeur, les grandes villas climatisées agrémentées de l’eau chaude, les équipements hifi derniers cris dans l’armoire digne du catalogue des 3 Suisses, le gardien et les domestiques, sans oublier le chien, très important le chien derrière le portail en fer forgé immense avec quelques fioritures. 

Aucun jugement déplacé de ma part : il n’est pas question de ceux qui vivent la vraie vie et des autres. Non, seulement de la réalité de chacun. En réalité, je suis même plutôt contente d’approcher les riches. La recherche embête constamment les pauvres, chacun son interprétation à cela mais nous manquons de données sur les riches. J’irai donc voir les riches.