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300 mots et une sélection de références autour d'un sujet géographique

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Dans la besace du géographe, des photographies de quelques terrains parcourus

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Journaliste en vadrouille sur les routes de France et de Navarre

Désordres au marché de Noël

Christmas market in Cologne | by © *synthetic-creatures
Le 29 décembre 2011, 16h30, accompagnée d'un Nagra en fiole
Bien dans son coin et l’air de rien, le marché de Noël d’Amiens est devenu le deuxième de France. Par sa taille. Derrière… Strasbourg. Pas tout à fait le même charme, j’en conviens. 

Alors pour voir les choses en grand, la municipalité a choisi cette année d’accueillir une grande roue. Une plus grande qu’avant. Elle ouvre le marché de Noël, face à la gare, à l’Est. 

N’empêche que la taille de la grande roue a sacrément modifié les enjeux de placement sur le marché de Noël.
Amiens
Oui, déjà, il s’agit d’un marché en long. Il faut donc réussir à captiver l’attention du chaland depuis la maison de la culture, à l’Ouest, jusqu’à la gare. Alors les malins sont dans la partie occidentale, les rues piétonnes des trois cailloux et Delambre. Les pauvres ne sont pas pauvres. Ce sont les associatifs : ceux qui réclament, ceux qui font des leçons de morale, même pendant les fêtes surtout pendant les fêtes. Cette année, ils sont concentrés sur la place René Goblet. Et ils provoquent une rupture dans le marché de Noël. Parce que oui, on ne peut le nier : certains promeneurs fuient comme la peste ce genre de stand. Voilà un tas de dix. 

Et puis, il y a cette grande roue tout au bout, tenue par des forains. Des vrais, ceux qui font peur et imposent leurs règles. Ils ont d’ailleurs demandé à ce que les stands à leur proximité ne vendent pas de choses comestibles. Ils ont aussi amené deux stands supplémentaires qui défient tous gabarits sur le marché et proposent… des encas. Entre ces deux morceaux de marché, les pauvres et les forains, on a placé les petits novices, ceux qui ne sont pas de la région, ceux qui ne resteront pas après Noël… les mécontents ! Ils ne peuvent proposer tous leurs produits, étant trop proches de cette fichue roue. Et voient bien souvent les gens courir et non déambuler. Retour aux éternelles tensions qui opposent sédentaires et nomades… 

Ah, une autre catégorie se presse autour de la mairie et du beffroi : les frontistes. Parce que le marché de Noël est géré par les commerçants de la ville d’Amiens. Sauf qu’il y a plusieurs associations de commerçants de la ville. Eux dépendent des gens du beffroi et s’en sortent plutôt bien question placement.

Pour une cabine téléphonique,

http://mystree.deviantart.com/art/Green-Phone-Box-31280009
Green Phone Box by © ~Mystree
Le 23 août 2011, 14h30, accompagnée d’un Canon A720 IS
Ochancourt, c’est chouette… 

Trente-cinq minutes que je tourne en rond, sans rond-point aucun. La cabine téléphonique, je l’ai toute suite repérée. Mais la mairie. Où est cette mairie ? 

Parce que le maire d’Ochancourt est en guerre. Contre une cabine téléphonique. 

Ochancourt, 273 âmes et une cabine téléphonique. Une vieille cabine, grise et marron, un carreau cassé, un autre craquelé. Et des ordures. 

« Tout le monde a un téléphone portable ! Elle ne sert à rien cette cabine… Et elle fait tache dans mon paysage. » Le maire a tout essayé depuis un an pour faire enlever cette cabine. Y compris de la secouer gentiment avec un tracteur… 

En vain ! Cette cabine répond au service universel des télécommuications. Chapeauté par l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP). Confié à France Télécom (renouvelé en 2011). 

Service qui dit que France Télécom est chargé de l’installation et de l’entretien de cabines téléphoniques ainsi que de la fourniture d’un service téléphonique à un coût raisonnable. Il faut une cabine pour 1 000 habitants. Pas de chance, c’est tombé sur Ochancourt. Ou plutôt, c’est resté à Ochancourt.

Reçu cinq sur cinq tout en montant les escaliers quatre à quatre

Un jour d'anniversaire, au petit déjeuner, vu dans le Courrier-Picard :
Les départements français dissimulent quelques subtilités de langage, en particulier le Loir et la Loire. 

Allons-y gaiement, atlas très cher : le Loir est une rivière, la Loire un fleuve. Le Loir prend sa source en Eure-et-Loire, il se jette dans la Sarthe, qui se jette dans la Maine, qui se jette dans la Loire. Oui, la Loire transporte un peu du Loir... Nos moutons ? Soit, Eure-et-Loir, Loir-et Cher contre Indre-et-Loire, Maine-et-Loire. Ce sont des associations de noms de rivières ou de fleuves qui font le même nombre de lettres, cinq sur cinq ou quatre à quatre.

Je n'ai point inventé le fil à couper le beurre mais je lis les timbrés de l'orthographe.

Sous le bras de l'amiral

Le 20 juillet 2011, 9 heures, accompagnée d'un Canon A720 IS
9 heures, à peine arrivée et voilà-t’y pas que je n’ai le temps de poser mes affaires à la rédaction. En mission, le métier dont je rêve… Votre mission si vous l’accepter : réaliser un double des clefs de l’agence pour le nombre de fois où je reste enfermée dehors. Hum, hum, toutes les raisons sont bonnes pour sortir du télétravail qui caractérise mon stage. M Christophe Gimbert avait pourtant prévenu. 

Sauf que le cordonnier devait attendre patiemment ce moment, le moment où un(e) journaliste du Courrier-Picard oserait pointer le bout de son nez dans sa boutique. Je me suis fait enguirlander fort. Au début, je ne comprenais pas vraiment. Et puis, à force de dégainer mon excuse à moi, avec quelques airs de Parigot et des yeux de cocker, « Je suis stagiaire », le M m’a expliqué son souci. Il y a quelques mois, la rédaction sous l’anonymat d’une rubrique intitulée « Sous le bras de l’amiral » a publié un petit mot cinglant sur une affichette disposée dans sa boutique. L’affichette en question explique au client qu’à partir du moment où ils déposent leurs chaussures aux bons soins du cordonnier, ils payent. 

Toi non plus, tu n’es pas choqué outre mesure… C’est-à-dire que la cordonnerie est un bien d’expérience et malheureusement, ou pas d’ailleurs, on doit accorder notre confiance au coiffeur comme au cordonnier. La qualité du bien ou du service ne sera appréciée qu’a posteriori.

Et le M de me rétorquer que « d’abord, celui qui achète votre journal, il ne l’a pas lu, il doit bien acheter d’abord ». Elémentaire mon cher Watson, l’information est un bien d’expérience

En définitive, c’est plutôt bien que l’anecdote me soit arrivée. Non que je sois une experte de la diplomatie et des plus plates excuses exigibles dans une telle situation mais j’use et abuse, je le crains, du second degré. J’apprécie particulièrement l’humour anglais, l’autodérision et la mise en scène. Mais dans le journalisme, tout ceci s’emploie avec parcimonie. Dès le début, cette rubrique, « Sous le bras de l’amiral », m’a posé question parce qu’elle est sarcastique, d’une méchanceté pure et je ne suis pas sûre que tout lecteur ne la lise avec humour.

Sprawl - la leçon de géographie d'Arcade Fire

© Oscar Delmar
Dernièrement, enfin il y a déjà six mois… j’ai brillamment réussi un partiel avec du Arcade Fire plein les oreilles. Et non, ce n’était pas en géographie : « Ce que les controverses autour des WikiLeaks nous disent et ne nous disent pas des processus d'internationalisation des médias ». Note qu’il y avait tout de même le terme internationalisation. Mais non, le plan emboîtement d’échelles ne m’a pas tenté. Genre les géographes ne connaissent que ce plan…

Et non, l’écoute de la musique n’est pas autorisée durant les partiels. Toujours est-il que quelques morceaux d’Arcade Fire me trottaient dans la tête. Voilà-t’y pas que dernièrement, le vrai dernièrement, je me suis attachée aux paroles des titres de leur album The Suburbs, après avoir regardé le film qui l’illustre. Eh bien, c’est tout plein de géographie tout ça !


Entre autres, Sprawl II (Mountains beyond Mountains) :

They heard me singing and they told me to stop
Quit these pretentious things and just punch the clock
These days my life, I feel it has no purpose
But late at night the feelings swim to the surface

'Cause on the surface the city lights shine
They're calling at me, come and find your kind
Sometimes I wonder if the world's so small
That we can never get away from the sprawl

Living in the sprawl
Dead shopping malls rise like mountains beyond mountains
And there's no end in sight
I need the darkness, someone please cut the lights

We rode our bikes to the nearest park
Sat under the swings and kissed in the dark
We shield our eyes from the police lights
We run away, but we don't know why

And like a mirror, the city lights shine
They're screaming at us, "We don't need your kind"
Sometimes I wonder if the world's so small
That we can never get away from the sprawl

Living in the sprawl
Dead shopping malls rise like mountains beyond mountains
And there's no end in sight
I need the darkness, someone please cut the lights

They heard me singing and they told me to stop
Quit these pretentious things and just punch the clock
Sometimes I wonder if the world's so small
Can we ever get away from the sprawl?

Living in the sprawl
Dead shopping malls rise like mountains beyond mountains
And there's no end in sight
I need the darkness, someone please cut the lights


Je n'ai point inventé le fil à couper le beurre mais je lis the L café.

Stratégies d’internationalisation de la BBC

 Night Shift 2 by © Caravela
 Night Shift 2 by © Caravela
     La British Broadcasting Corporation est le premier employeur au monde dans le secteur de la radiodiffusion avec ces 22 861 salariés. Dès 1932, le radiodiffuseur diffuse ses programmes au sein de l’empire colonial britannique. Le prestige de la BBC repose longtemps sur ces deux images : un modèle de service de radiodiffusion public d’une part et un radiodiffuseur international de qualité, d’autre part. Mais le rôle et le maintien du service international de la BBC sont questionnés au cours des années 1990. Les pressions sont externes : la chute de l’URSS entraîne une redéfinition des outils de la diplomatie et de nouveaux médias, comme la chaîne d’information en continu CNN concurrence le service anglais. Surtout, ce sont les pressions socio-économiques qui pèsent sur le radiodiffuseur public au sein même du Royaume-Uni. Les objectifs financiers et culturels inscrits dans la charte royale sont renforcés. Les évaluations se font plus exigeantes. Les critères de rendement, de rapport qualité/prix, jusqu’alors inconnus des services publics sont des indicateurs de performance intégrés aux rapports annuelles. 

     Ainsi, les stratégies d’internationalisation de la BBC sont à replacer dans un contexte spécifique au radiodiffuseur public britannique et qui se distingue des autres groupes médiatiques tels Time Warner, Disney, Bertelsmann. D’une part, la BBC hérite d’un déploiement à l’international conséquent répondant à des objectifs politiques et non économiques. D’autre part, la BBC tend à adopter des pratiques jusqu’alors observées dans le secteur privé. Un rapprochement entre public et privé est observé. 

     Deux départements de la BBC déploient leurs activités à l’international. Le premier, BBC World Service est financé par une aide directe du ministère des Affaires étrangères et du Commonwealth. Ses missions suivent la diplomatie anglaise et se concentrent aujourd'hui sur les chaînes Arabic TV et Persian TV. BBC Worldwide est la filiale commerciale de la BBC ; ses activités s’étendent à la fois au Royaume-Uni et dans le reste du monde. 

     Depuis le milieu des années 1990, BBC Worldwide définit et dessine son cœur d’activité, la radiodiffusion. Les différents services commerciaux de la BBC furent rassemblés, à l’exception de BBC Studios and Post Production Ltd. La filiale s’est séparée de BBC Books. Elle procède à la scission de BBC Audiobooks. Elle s’interroge sur l’avenir de BBC Magazines. En effet, cette activité représente un chiffre d’affaires de 197,5 millions d’euros, soit la quatrième source de revenus de la filiale. Mais l’éditeur devrait proposer de nouveaux titres afin de conserver ses parts de marché au Royaume-Uni et de se conforter à l’étranger. A terme, BBC Worldwide devrait externaliser cette activité de presse magazine. 

     L’avantage concurrentiel de la BBC repose sur son aura, sa réputation qualitative. La simple exploitation commerciale de droits en dehors des frontières britanniques, sans réelle maîtrise de la chaîne de valeur, pouvait porter préjudice à l’image de marque du groupe. A noter que cette signature BBC se mesure et se renforce en périodes de troubles (Seconde Guerre Mondiale, guerre civile en Irlande du Nord, etc.). Le dernier épisode de ce type remonte à l’agression américaine en Irak, en 2003. En effet, l’enquête Hutton sollicitée par le gouvernement de Tony Blair devait éclaircir les circonstances du suicide de David Kelly, un inspecteur des Nations Unies en Irak. Il était la source principale d’un reportage de la BBC sur la falsification de documents concernant la présence d’armes de destruction massive en Irak. Bien que les conclusions de l’enquête accablent la seule BBC, l’image de l’institution et son indépendance éditoriale est renforcée par cet épisode. 

     En amont, BBC Worldwide profite des productions de la BBC financées par la redevance. Depuis trois ans, la filiale a néanmoins investit dans des start-up, sociétés de production indépendante britanniques : LeftBank Pictures (Wallander), Clerkenwell Films Ltd (Misfits), etc.. 
     A l’aval, la filiale souhaite maîtriser l’adaptation, les traductions de ses programmes. Elle possède ainsi dix chaînes internationales. Elle exploite également nombre de produits dérivés : des supports pédagogiques aux évènements tels que Danse avec les stars ou Walking with Dinosaurs

     BBC Worldwide s’engage-t-elle vers une diversification ? La question est soulevée en 2007 alors que la filiale acquiert Lonely Planet, le leader mondial dans le guide de voyages. Pour les dirigeants, il ne s’agit pas d’un nouveau domaine d’activité mais de la gestion et de la promotion de marques à l’international, générant ainsi des bénéfices liés à l’exploitation de leurs activités médiatiques.


Bibliographie sélective :
BICKET Douglas, WALL Melissa, (2009), “BBC News in the United States: a ‘super-alternative’ news medium emerges’, p 365-385, dans Media, Culture & Society, Vol 31 n° 3 
CAVE Martin, COLLINS Richard, CROWTHER Peter, (2004), “Regulating the BBC”, p 249-272, dans Telecommunications Policy, Vol 28 
FROUD Julie, JOHAL Sukhdev, LEAVER Adam, PHILLIPS Richard, WILLIAMS Karel, (2009), “Stressed by Choice: a Business Model Analysis of the BBC”, p 252-264, dans British Journal of Management, Vol 20 
GILBOA Eytan, (2005), “The CNN Effect: The Search for a Communication Theory of International Relations”, p 27-44, dans Political Communication, Vol 22 
MEDINA Mercedes, OJER Teresa, (2011), “The Transformation of Public TV Companies into Digital Services at the BBC and RTVE”, p 87-95, dans Communicar, Vol 18 n° 36 
SHRIKHANDE Seema, (2001), “Competitive Strategies in the Internationalization of Television: CNNI and BBC World in Asia, p 147-168, dans The Journal of Media Economics, Vol 14 n° 3 

Les médias en Suède : surinformation, fragmentation et diversité culturelle

Extrait de mon travail de recherche en cours… Ma dernière lubie : associer géographie économique, radio et Suède. Tout un programme ! Donc une radio suédoise : Sveriges Radio, de son petit nom SR, c’est le radiodiffuseur public suédois. Ce qui m’intéresse : sa stratégie d’internationalisation…
© Patricia Pipaud
Les Suédois consacrent 5 heures et 52 minutes aux médias chaque jour, consultations moyennes de chacun des médias
Les Suédois consacrent en moyenne cinq heures et cinquante-deux minutes à la recherche de l’information conduisant ainsi à décrire la société suédoise dans une situation de surinformation. La télévision domine le paysage médiatique suédois ; elle est regardée pendant une heure et demie chaque jour. Les deux chaînes publiques SVT 1 et 2 conservent environ 30 % des parts d’audience. Elles sont complétées des chaînes nationales TV3 (8,1 %), TV4 (19,2 %) et kanal 5 (6,8 %). Les chaînes internationales, nombreuses dans les offres de télévision par satellite et par câble, réalisent de faibles audiences : respectivement 1,2 et 0,8 % pour Discovery et Music TeleVision (MTV), les plus significatives. Aux côtés de la télévision, les audiences radiophoniques se maintiennent avec une heure et demie d’écoute quotidienne. La structure du marché, évoquée ici, entraîne une faible participation de ce média sur le marché de la publicité (2 %). 

Surtout, l’utilisation d’Internet comme source d’information est en forte augmentation, progressant de 7 à 19 % en cinq ans. En 2010, 91 % des Suédois ont accès à Internet depuis leur foyer. Les médias traditionnels profitent au mieux de ce support : site officiel, services personnalisés, blogs, applications mobiles, podcasts, etc.. Entre autres, AftonBladet, quotidien populaire, enregistre 4,2 millions de visiteurs hebdomadaires sur son site web. Les réseaux sociaux bénéficient en second lieu de cette croissance des consultations d’information sur Internet. Finalement la presse quotidienne se maintient, avec 460 exemplaires vendus pour mille habitants. Premièrement, la presse suédoise possède une base locale forte : seuls deux quotidiens d’information, un quotidien économique et un gratuit ont une ambition nationale. Ensuite, les ventes de ces journaux sont presque assurées par les abonnements avec un système de distribution performant dans cet Etat déployé en latitude

Enfin les quotidiens gratuits, fondés en Suède en 1995 avec le titre Metro concurrencent les quotidiens, à la fois sur le marché des médias et sur le marché de la publicité. 

Mais ce panorama cache une fragmentation croissante des audiences selon l’âge. De fait, les jeunes Suédois préfèrent les radios commerciales, les journaux gratuits et les réseaux sociaux proposés sur Internet alors que les adultes de 45 à 64 ans privilégient les médias du service public, les quotidiens traditionnels et leurs sites web respectifs. Cette dispersion des audiences dans une économie d’abondance questionne à nouveau l’objectif de diversité culturelle. 


Sources :
Mediamätning i Skandinavien [mesure des médias en Scandinavie], (2011), Årsrapport 2010 [Rapport annuel 2010], disponible à l’adresse http://www.mms.se/_dokument/rapporter/ar/%C3%85rsrapport%202010.pdf
NORDICOM, (2005), Nordicom-Sveriges Mediebarometer 2004 [Baromètre Nordicom des médias en Suède en 2004], disponible à l’adresse http://www.nordicom.gu.se/common/publ_pdf/178_Den%20samlade%20medieanvandningen%202004.pdf
NORDICOM, (2010), Nordicom-Sveriges Mediebarometer 2009 [Baromètre Nordicom des médias en Suède en 2009], disponible à l’adresse http://www.nordicom.gu.se/mt/filer/mediedagen_2009_tid.pdf
Statistiska centralbyrån [institution nationale de la statistique], (janvier 2011), Privatpersoners användning av datorer och Internet 2010 [Usage des ordinateurs et d’Internet pour les personnes privées en 2010], disponible à l’adresse http://www.scb.se/statistik/_publikationer/LE0108_2010A01_BR_IT01BR1101.pdf
WEIBULL Lennart, JÖNSSON Anna Maria, WADBRING Ingela, (16 février 2011), “Media Landscape: Sweden”, dans European Journalism Center, disponible à l’adresse http://www.ejc.net/media_landscape/article/sweden/

La radio en Suède : un marché concentré

Extrait de mon travail de recherche en cours… Ma dernière lubie : associer géographie économique, radio et Suède. Tout un programme ! Donc une radio suédoise : Sveriges Radio, de son petit nom SR, c’est le radiodiffuseur public suédois. Ce qui m’intéresse : sa stratégie d’internationalisation…
 fuzzy broadcast by © Floresent-Adolesent1
 fuzzy broadcast by © Floresent-Adolesent1
Tout comme la British Broadcasting Corporation (BBC), SR est née d’une initiative privée en 1924. Mais la licence d’exploitation est bien vite rectifiée par le gouvernement social-démocrate. 

La radio, publique donc, reste longtemps protégée. En 1979, le Parlement autorise l’émergence de radios de proximité. Elles répondent à des critères stricts de programmation et ne peuvent émettre dans un rayon de cinq kilomètres uniquement. Ce n’est qu’en 1993 que sont introduites les radios commerciales. Les concessions sont vendues aux enchères par le Parlement. Le coût élevé de celles-ci ajouté à un investissement de départ démesuré entraînent des faillites et des fusions sur le marché malgré les prévenances du Parlement : aucun concessionnaire ne peut détenir plusieurs concessions, les stations locales ne peuvent être contrôlées en majorité par un quotidien. 

Aujourd'hui, deux réseaux dominent le marché : Modern Times Group Radio (MTG Radio) avec quarante-six stations et Scandinavian Broadcasting Systems Radio (SBS Radio) avec quarante stations. Toutefois, SR conserve environ 60 % des parts d’audience. Les radios commerciales s’adressent préférentiellement à un jeune public urbain grâce à un programme musical conséquent. En d’autres termes, le marché de la radio, en Suède, est concentré avec un faible nombre de stations FM, cent vingt-quatre, contrôlées par trois groupes MTG (46), SBS (40) et SR (33). A travers SR, l’acteur public intervient pour le maintien d’une diversité à l’aide d’une gamme complète de produits culturels. SR international s’inscrit dans ce contexte.

Sources :
Ambassade de France à Stockholm, (janvier 2009), « Les médias en Suède », dans Paysage médiatique, disponible à l’adresse http://www.ambafrance-se.org/france_suede/spip.php?article1766
Observatoire Européen de l’Audiovisuel, (9 avril 2002), La situation financière des organismes publics de radio-télévision en Europe tend à se dégrader, disponible à l’adresse http://www.obs.coe.int/about/oea/pr/service_public.html
WEIBULL Lennart, JÖNSSON Anna Maria, WADBRING Ingela, (16 février 2011), “Media Landscape: Sweden”, dans European Journalism Center, disponible à l’adresse http://www.ejc.net/media_landscape/article/sweden/

En Arles, en Avignon

Voilà-t’y pas que par deux fois depuis mon retour de tes contrées, je fus reprise : « Ce n’est pas à Arles, c’est en Arles ! ». Soit mais pourquoi ? Parce que vois-tu, depuis que j’ai un prof de suédois, si, si synapse, j’en apprécie que mieux la grammaire française que je comprends. 

Arles est la commune française dont le territoire est le plus étendu en France métropolitaine avec ses 759 km². Tant que nous y sommes, la plus grande commune de France est Maripasoula en Guyane (18 360 km²). Et pour comparaison, Paris s’étend sur 105,4 km². Et pour être tout à fait exhaustifs, ajoutons que les communes limitrophes de Saintes-Maries-de-la-Mer et de Saint-Martin-de-Crau représentent respectivement les deuxième et cinquième communes de France métropolitaine ; et que Saint-Martin-de-Crau était intégré à Arles jusqu’en 1925. Nos moutons ? Arles, plus grande commune de France ; ce territoire est un joli souvenir de la Provence arlésienne. A la fin du IXe siècle se constitue le Royaume d’Arles avec une dynastie des comtes d’Arles installé à Arles, oui le bourg ! Le royaume capitula face à Charles d’Anjou à la fin du XIIIe siècle. Toutefois, le bourg resta maître de ces vastes espaces peu densément peuplés. En Arles parce qu’il s’agit d’un territoire et non d’un lieu

En Avignon parce qu’il s’agissait d’un territoire de la papauté. L’évidence même… 

Allons très cher, nous en serons que moins bêtes ce soir.

La diversité culturelle en Suède : entre coopération internationale et cohésion sociale

Extrait de mon travail de recherche en cours… Ma dernière lubie : associer géographie économique, radio et Suède. Tout un programme ! Donc une radio suédoise : Sveriges Radio, de son petit nom SR, c’est le radiodiffuseur public suédois. Ce qui m’intéresse : sa stratégie d’internationalisation…
Into the Unclear by © EllieZ
Into the Unclear by © EllieZ
En Suède, le terme de culture possède un sens large. L’usage du pluriel, dans les documents officiels et dans les médias, est fréquent. Par conséquent, la définition proposée comme l’ensemble des usages, des coutumes, des formes d’expression artistiques et intellectuelles d’un groupe ethnique, religieux ou social, semble s’adapter au contexte suédois. L’expression de diversité culturelle émerge en 2000 alors que le Conseil de l’Europe édicte la Déclaration sur la diversité culturelle. Son emploi s’est depuis stabilisé. Mais le vocabulaire de la culture est complété des termes intégration, assimilation et multiculturalisme. Le concept de l’assimilation est d’usage courant à la fin des années 1990, il apparaît ponctuellement au moment des élections au Parlement de 2002 puis s’efface progressivement. La formule du multiculturalisme est mobilisée plus régulièrement. Son utilisation croît fortement depuis 2008. Le terme d’intégration est mentionné le plus couramment. L’usage du mot a triplé au tournant des années 1999-2000. Plusieurs pics de fréquence sont observables en 2000, 2002, 2006 et 2010. Les trois dernières dates correspondent à des échéances électorales. En définitive, l’emploi d’un lexique associé à la culture s’est intensifié depuis 2000. Cette année marque la Déclaration sur la diversité culturelle mais aussi la ratification par la Suède de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. La Suède reconnaît à cette date cinq minorités nationales : les Finlandais, les Juifs, les Tornedaliens, les Roms et les Sámis. Surtout, le débat est ravivé au moment des élections au Parlement qui ont lieu tous les quatre ans. Il faut noter que l’expression des publications du gouvernement et du Parlement est « diversité culturelle et ethnique ». La protection et la promotion de la diversité culturelle suit deux orientations en Suède : la coopération internationale d’un côté et la cohésion sociale à l’échelle nationale, de l’autre. La coopération internationale s’attache à la compréhension et au respect mutuel des cultures. Pour les associations régionales (Union Européenne, Conseil des Etats de la mer Baltique, Conseil nordique des ministres), ce volet est affiné vers des questions économiques : accueil d’évènements internationaux, promotion des industries créatives, harmonisation du secteur audiovisuel. En ce qui a trait à la cohésion nationale, les politiques insistent sur la reconnaissance des minorités nationales et issues de l’immigration et encouragent l’expression de cette richesse culturelle. 


Sources :
Conseil de l’Europe, (janvier 2011), Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, disponible à l’adresse http://conventions.coe.int/Treaty/Commun/ChercheSig.asp?NT=148&CM=8&DF=&CL=FRE
Kulturrådet [Conseil de la culture], (décembre 2010), Etnisk och kulturell mångfald [Diversité culturelle et ethnique], disponible à l’adresse http://www.kulturradet.se/sv/verksamhet/Kulturell-mangfald/

Voilà Marseille

Albert Londres écrit en 1926 Marseille, porte du Sud
Et chez nous ? Chez nous on ne veut connaître la mer que pour y prendre des bains. Nos compatriotes calmés ne cherchent pas des bateaux, sur un rivage mais des casinos. L’hiver, on part pour la Côte d’Azur. Mais qui s’arrête à Marseille ? Le plus beau port de France, cela n’intéresse personne. Parlez-nous de suivre une partie de tennis sur un court de Cannes !
L’ignorance des Français sur les choses de la mer est considérable. Quand par hasard un romancier écrit sur le sujet, il doit expliquer tous les mots du vocabulaire marin. Le dernier des boys de Londres en sait davantage que nos jeunes gens diplômés.

Il est des personnes qui, depuis trente ans, ont dépassé l’âge de raison et qui me demandent encore si les bateaux marchent la nuit. 

J’exagère ? Si peu ! Qu’un pays soit à dix jours de nos côtes, aussitôt plus personne ne sait si le pays est en Asie, en Afrique ou en Amérique. Donnons l’ordre à cent étudiants de partir sans délai pour les Grandes Comores, et nous en verrons cinquante aller prendre le train à la gare Montparnasse ! 

[…] 

Allez à Marseille. Marseille vous répondra. 

Cette ville est une leçon. L’indifférence coupable des contemporains ne la désarme pas. Attentive, elle écoute la voix du vaste monde et, forte de son expérience, elle engage, en notre nom, la conversation avec la terre entière.

Un oriflamme claquant au vent sur l’infini de l’horizon, voilà Marseille.

La mondialisation du café - le port de Marseille en 1926 par Albert Londres

© tejasjain
© tejasjain
Albert Londres écrit en 1926 Marseille, porte du Sud
Ce café vient de Moka. Du moins on le dit. Mais je vais vous dire ce que l’on dit. On dit que si tout le café qui vient de Moka poussait à Moka, cela se saurait. On sait tout le contraire. Moka est en Arabie, sur la mer Rouge. Le café qui vient de Moka pousse au Brésil ! Suivez-moi bien. Plutôt, suivez ce café. Il pousse au Brésil. On l’embarque sur l’Atlantique Sud. L’Atlantique Nord le berce un moment. Il passe par Gibraltar et, doucement, il s’amène sur la Méditerranée. Marseille ! On le débarque. On va le boire ? Pas si vite. Rentrez vos tasses dans le buffet. On le rembarque. Le voilà qui repart sur la Méditerranée, dans l’autre sens. Il longe les côtes de la Corse, il fend le détroit de Messine. Il se prélasse à l’abri de la Crète. A Port-Saïd, il retrouve sa chaleur natale. On le débarque. Qu’il soit sans crainte : ce n’est pas encore pour le brûler. On le rembarque. Sur un bateau khédivial, il va maintenant descendre jusqu’au bas de la mer Rouge. Lui est toujours blanc. Enfin, Moka ! 

Après un tel voyage, il a mérité de changer de linge. On le change de sac. Comme il se sent légèrement fatigué, on lui ajoute des grains de moka pour le remonter. Puis on le rembarque. Il est baptisé. Tête haute, il peut revenir à Marseille. Il est revenu. Le voici sur le quai.

En Suède, une administration culturelle tardive

Extrait de mon travail de recherche en cours… Ma dernière lubie : associer géographie économique, radio et Suède. Tout un programme ! Donc une radio suédoise : Sveriges Radio, de son petit nom SR, c’est le radiodiffuseur public suédois. Ce qui m’intéresse : sa stratégie d’internationalisation…
Le sens donné à l’expression de diversité culturelle dépend du contexte national. En Suède, le domaine de la culture est longtemps demeuré peu organisé. Le champ culturel est marqué d’une dichotomie entre une culture populaire, la plus souvent tolérée, et une culture officielle, celle du roi et de la cour. L’usage de la langue française à la cour en témoigne. Le Parti social-démocrate, qui domina la vie politique suédoise au XXe siècle, s’empare de la question tardivement et ne peut gommer ce clivage entre cultures populaire et élitiste. Il faut cependant noter que les premières mesures du gouvernement social-démocrate en faveur de la culture préconisent l’usage de la radio nationale, Sveriges Radio (SR), comme outil de promotion de l’opéra et de la musique symphonique. 

Au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, la culture, toujours dispersée en portefeuilles incertains, préoccupe davantage la classe politique. Le 22 mai 1959, le ministre des affaires ecclésiastiques s’exprime ainsi : « La culture ne peut être laissée aux forces du marché mais doit être défendue par des mesures gouvernementales »*. Une période de réflexions est alors amorcée ; elle aboutira à l’élaboration de la feuille de route « Nouvelle politique culturelle ». En 1974 sont ainsi rassemblés les différents portefeuilles ministériels en un domaine culturel, département du ministère des affaires ecclésiastiques. Ce document est révisé en 1995, période peu propice tandis que le pays subit une grave crise économique. Le budget alloué à la culture augmente peu mais celui-ci est redistribué. En particulier, le gouvernement souhaite accompagner le fort investissement des foyers dans les médias de masse. Enfin, un ministère de la culture est inauguré. Aujourd'hui, les affaires culturelles correspondent à 0,8 % du budget du gouvernement avec 727,6 milliards d’euros. L’investissement en faveur de la culture est élevé pour l’Etat (45%) et les municipalités (41%), légèrement inférieur pour les régions. En 2009, 7% des dépenses de l’Etat étaient consacrées aux médias, soit 78,4 milliards d’euros. L’investissement culturel public est estimé à 39% contre 61% pour le privé.

Source :
Ambassade de France à Stockholm, (13 octobre 2010), « Budget 2011 présenté au parlement suédois », dans Revue de la presse suédoise du 13 octobre, disponible à l’adresse http://www.ambafrance-se.org/spip.php?article3970
Regeringskansliet [Gouvernement suédois], (15 octobre 2010), “Budget Bill for 2011 – Culture”, dans Culture, disponible à l’adresse http://www.sweden.gov.se/sb/d/13671
Kulturrådet [Conseil de la culture], (juillet 2008), Kulturens finansiering 2007 [Financement de la culture 2007], disponible à l’adresse http://www.kulturradet.se/Documents/publikationer/2008/kulturens%20finansiering/kulturens_finansiering_2007.pdf
Kulturrådet [Conseil de la culture], (juillet 2010), Kulturens finansiering 2008–2009 [Financement de la culture 2008-2009], disponible à l’adresse http://www.kulturradet.se/Documents/publikationer/2010/kulturens_finansiering_2008-2009.pdf

Bibliographie sélective :
* LARSSON Tor, SVENSON Per, (2001), “Cultural Policy in Sweden”, p 79-96, dans The Journal of Arts Management, Law, and Society, Vol 31 n° 1

Massilia















En partance pour Massilia, 

sa culture urbaine et musicale qui m’a tant forgée, 
ce lieu fascinant et les souvenirs d’un sacré gentleman

Transformer un lieu en objet d’étude n’est pas sans risque mais qui sait, les charmes de la cité seront rompre les automatismes académiques.

La diversité culturelle : une politique internationale menée par un front francophone

Extrait de mon travail de recherche en cours… Ma dernière lubie : associer géographie économique, radio et Suède. Tout un programme ! Donc une radio suédoise : Sveriges Radio, de son petit nom SR, c’est le radiodiffuseur public suédois. Ce qui m’intéresse : sa stratégie d’internationalisation…
Dès les années 1970 et l’accélération de la mondialisation, la particularité des biens et services culturels est affirmée ainsi que la nécessité de les sortir des seules lois du marché. Les travaux du Nouvel ordre mondial de l’information et de la communication (Nomic) en sont une illustration et l’occasion de premières dissensions entre pays en développement et pays du Nord. La question est quelque peu délaissée jusqu’aux négociations présidant au traité de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) en 1993. Ce document devait entériner un régime de libéralisme économique. Plusieurs nations, au devant desquelles figurent la France et le Québec, s’inquiètent pour leurs productions audiovisuelles et cinématographiques. Elles contestent la marchandisation de la culture et craignent une américanisation graduelle des biens et services culturels. Leur position est défensive ; elle mobilise la notion d’exception culturelle. Néanmoins, les accords d’avril 1994 ne prévoient pas de dispositifs relatifs aux biens et services culturels. Cette mise à l’écart prive de droit les échanges internationaux de produits culturels et par conséquent, de mécanismes de règlement des conflits. Par ailleurs, elle semble provisoire. Il est nécessaire de proposer une approche positive et de la consacrer par des textes juridiques. La France est relayée par l’Europe dont la position est ambivalente dans la mesure où elle tente d’affirmer un régime d’exemption à l’échelle internationale tandis que l’application d’un tel projet est laborieuse en son sein, à l’échelle communautaire. Le Conseil de l’Europe adopte en 2000 une Déclaration sur la diversité culturelle. L’année suivante, l’Unesco inscrit la diversité culturelle patrimoine commun de l’humanité. Un cycle de négociations s’ouvre afin de transformer ces déclarations en un traité, un texte juridique contraignant. La Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles est adoptée en 2005. 
Francophonie Grunge Flag by © somadjinn
Tandis que les Français et les Québécois défendaient leurs productions audiovisuelles et leurs œuvres cinématographiques respectives, les négociations de l’Unesco ont élargi la diversité culturelle aux biens et services culturels ainsi qu’au patrimoine, au folklore, aux habitudes alimentaires, aux musiques traditionnelles, etc.. L’organisation culturelle définit quatre orientations d’action pour la promotion de la diversité culturelle. Premièrement, elle facilite le dialogue des civilisations, à opposer au « choc des civilisations »* et promeut ainsi la paix. Ensuite, elle permet, à l’échelle nationale, de promouvoir la cohésion sociale, de profiter de la richesse du métissage. Alors que le développement n’est pas synonyme de croissance économique, la prise en compte des expressions culturelles favorise, troisième élément, le développement et notamment la durabilité des projets de réduction de la pauvreté. Enfin, la culture est aussi un marché. Cette dernière orientation qui intéresse particulièrement ce travail de recherche introduit le concept d’industries culturelles compris comme l’ « ensemble des activités intellectuelles et artistiques considérées sous l’angle de leur importance économique, de leur marché ». Le traité tolère et soutient les politiques culturelles engagées par les Etats afin de préserver la pluralité culturelle de l’espace mondial. Il n’en détaille pas les modalités. A ce jour, cent-seize Etats ont ratifié la Convention. La Suède a adopté le texte le 18 décembre 2006. L’absence des Etats-Unis, pourtant largement visés par ce document juridique, restreint la portée de ce texte. Depuis 2005, peu d’avancées sont répertoriées. 

Sources :
UNESCO, (20 juin 2007), Diversité culturelle, disponible à l’adresse http://portal.unesco.org/culture/fr/ev.php-URL_ID=34321&URL_DO=DO_TOPIC&URL_SECTION=201.html
UNESCO, (mars 2011), Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles. Paris, 20 octobre 2005., disponible à l’adresse http://portal.unesco.org/la/convention.asp?KO=31038&language=F

Bibliographie sélective :
DERIEUX Emmanuel, GRANCHET Agnès, (2010), Droit des médias - Droit français, européen et international, LGDJ : Paris, 1146 p
HERAULT Bruno (dir.), (2007), « Mondialisation et diversité culturelle », p 1-4, dans Les dossiers de la mondialisation, n° 6
* HUNTINGTON Samuel P., (1996), The Clash of Civilisations and the Remaking of World Order, Touchstone : New-York, 368 p

La place de l'Afrique dans les relations internationales aujourd'hui

Retour à la Maison Mère avec son excellence, M Jean Ping, président de la Commission de l’Union Africaine alors que la précipitation militaire en Lybie semblerait effrayer la communauté diplomatique africaine avec son arrière goût Restore Hope. M le Président nous a dressé un portrait idyllique de ce continent africain et de son institution, l’Union Africaine. Ce discours fut néanmoins écarté par l’assistance bruyante, indisciplinée et passionnée laissant place à un débat d’une heure et demi.
Ce que j’ai retenu : Trois jeunes modérateurs n’auront suffi à calmer les esprits enflammés de la salle. Il faut dire qu’Ivoiriens et Gabonais s’étaient donnés rendez-vous afin d’interpeller M Jean Ping sur les situations respectives de leur pays. Le discours sagement orchestré du diplomate céda rapidement sous les questions pressantes des protagonistes : pourquoi l’Union Africaine n’intervient pas ? Pourquoi l’Union Africaine n’applique pas ses résolutions ? Pourquoi ? Il fallut alors manier avec dextérité une langue de bois, somme toute un diplomate. Toutefois M le Président s’est illustré sur quelques réparties. Ainsi, un jeune homme remarquait « l’indécence de la presse française envers les politiques africains ». Et si cette indécence s’étendait à d’autres médias, et tout particulièrement africains ? La production de l’information sur le continent souffre en effet de nombreux prismes occidentaux. Rappelons que le continent ne possède pas d’agence de presse et que les médias sont loin de maîtriser la chaîne de production, ni même la circulation de l’information. D'autre part, la situation libyenne fut évoquée. L’Union Africaine semble embêtée alors que son programme pour la stabilité et la paix en Lybie fut interrompu par les frappes occidentales, consenties par les trois membres africains du Conseil de Sécurité, acte contredisant le joli discours. Surtout, l’Union Africaine craint un retrait précipité des Occidentaux et d’être seule dans un pays dévasté, une seconde Somalie…
Mon compte-rendu

#Nuitsujet "Dégage !"

« Dégage ! » C’était le mot d’ordre de la #Nuitsujet, collaboration bien sympathique du site web Owni et de la Radio Nova. Six heures d’une émission dans une ambiance bon enfant, une playlist musicale séduisante et bien sûr, un thème général lié au « Printemps arabe », Internet et toute une panoplie de termes geek… Différentes interventions se sont succédées avec des petits noms d’Owni mais aussi des universitaires, des activistes, de Chine, de Guadeloupe, de Tunisie et d’ailleurs, en français, en anglais et quelques mots d’espagnol. Un traitement de l’information décalé, sérieux, toujours pertinent qui évoluait au gré de l’éthylotest de l’application Owni. Des répliques qui font mouche comme « Internet, c’est surtout des vidéos de chats » de Vincent Glad. Bref, une très belle expérience radiophonique, à réécouter !

Médias et diversité culturelle

Extrait de mon travail de recherche en cours… Ma dernière lubie : associer géographie économique, radio et Suède. Tout un programme ! Donc une radio suédoise : Sveriges Radio, de son petit nom SR, c’est le radiodiffuseur public suédois. Ce qui m’intéresse : sa stratégie d’internationalisation…
 Times Square HDR Panorama by © vvmasterdrfan
 Times Square HDR Panorama by © vvmasterdrfan
Face à une inquiétude d’uniformisation et de marchandisation de la culture, des politiques, positives, en matière de diversité culturelle furent proposées afin de protéger et maintenir des différences culturelles, des identités singulières. Les médias définis « comme un ensemble de techniques de production et de transmission de messages à l’aide d’un canal, d’un support vers un terminal »* apparaissent centraux puisqu’ils sont des biens culturels et qu’ils favorisent, à leur tour, la diffusion d’autres biens et services culturels. 

De plus, les médias sont non seulement un des supports de l’espace public dans lequel la question de la diversité culturelle est discutée, mais encore l’objet du débat puisque la société souhaite que ceux-ci la représentent dans toute sa diversité. Ici, l’échelle nationale, la nation donc, conserve tout son sens. Le rapport des médias à la diversité culturelle est fonction de l’histoire de l’immigration, de l’insertion de ces populations à la nation mais aussi des spécificités du secteur des communications et de l’audiovisuel. Ainsi, le débat suédois différa de la question française. 

La peur d’une homogénéisation est accentuée à la faveur du format numérique. En effet, la technologie numérique autorise une production unique et une diffusion multiple. Par exemple, la télévision peut emprunter différents canaux tels la télévision numérique terrestre, le câble, le satellite, la fibre optique, la téléphonie mobile et Internet. Par conséquent, elle favorise une convergence des contenus et des supports. En outre, la multiplication des modes de distribution ne s’est pas accompagnée d’une croissance de la demande. Un même public se trouve alors fragmenté, réparti sur davantage de chaînes de télévision ou de stations de radio. L’abondance redéfinit les termes du débat sur la diversité culturelle. En réalité, la diversité culturelle ne se pose pas dans les mêmes termes pour chaque groupe d’individus mais suit les inégalités économiques de l’espace mondial si bien que la demande politique de chacun d’eux ne possède pas le même sens. 

Bibliographie sélective :
FRACHON Claire, SASSOON Virginie, (2008), Médias et diversité : de la visibilité aux contenus : état des lieux en France, au Royaume-Uni, en Allemagne et aux États-Unis, Institut Panos : Paris, 157 p
HERAULT Bruno (dir.), (2007), « Mondialisation et diversité culturelle », p 1-4, dans Les dossiers de la mondialisation, n° 6
NISSEN Christian S. (dir.), (2006), Faire la différence : la radiodiffusion de service public dans le paysage audiovisuel européen, John Libbey Publishing : Eastleigh, 238 p
* RIEFFEL Rémy, (2005), Que sont les médias ? Pratiques, identités, influences, Gallimard : Paris, 539 p