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Geography Map

Le 16 septembre 2009, 12h15, Mme Collignon : 
Il faut préférer la terminologie « les géographes » à celle de « la géographie » dans nos devoirs. Youhou, allons-y gaiement ! 

Afin d’appliquer cette règle, fichtrement cool et tendance, il serait bon, me semble-t-il de mieux connaître nos prédécesseurs. Avec des moyens modernes et ludiques, qu’est-ce que t’en penses, Hortense ? Du haut de mes petits 22 ans, j’imagine assez bien une carte des géographes. Oh, une carte de géographes, c’est magnifique. Ce serait une carte, à la manière des music maps, comme ça. Ainsi, tu tapes le nom d’un géographe et un nuage de géographes proches apparaissent. Les liens de proximité seraient établi grâce à une base de données recensant les géographes, leurs directeurs de mémoire/ thèse/ HDR, leurs équipes de recherche, leurs collaborations au sein d’articles et d’ouvrages. On compléterait avec les liens familiaux et matrimoniaux. Ce serait tellement beau.

La Time Geography

© B a r ش a { أحبج يا كويت }
     La Time Geography est la spécialité suédoise en matière de géographie. C’est sur cette association du temps et de l’espace que l’étudiant Erasmus ressent quelques difficultés de compréhension. Pourtant, il ne faudrait isoler cette démarche au risque de lui offrir une place démesurée dans la production académique suédoise. En effet, la Time Geography est une méthode quantitative or, tout comme en France, un retour au qualitatif succède au approches quantitatives des années 1960.

     La Time Geography s’organise autour du professeur Torsen Hägerstrand. Celui-ci profite des débuts des techniques informatiques afin d’intégrer l’échelle du temps aux déplacements dans l’espace. Hägerstrand travaillera les grandes échelles. Il s’agit, par exemple, de représenter les déplacements dans l’espace de quatre membres d’une famille au cours d’une journée « ordinaire ». Il faut noter que la géographie est traditionnellement associée aux sciences de la terre en Suède. A l’opposé, les géographes français entretiennent un lien singulier avec l’histoire. Par conséquent, intégrer l’échelle du temps à l’espace s’exprime différemment dans nos deux pays.

     Aujourd’hui, la Time Geography est intégrée comme simple outil de recherche au sein d’articles suédois. Elle peut être associée au SIG.

     Thulin et Vilhelmson ont mobilisé cet outil afin d’étudier la redistribution des mobilités auprès des jeunes populations suédoises avec la diffusion du téléphone portable et d’Internet. Leur introduction dans nos sociétés a annoncé « la mort de la géographie ». Pourtant…

     Avec Internet, le temps passé à la maison augmente au détriment d’activités telles que le sport, le cinéma, les sorties aux café, etc.. Le déplacement dans l’espace physique est restreint. Dans une certaine mesure, Internet renforce des relations. Les listes d’« amis » sont composées de personnes que l’on côtoie ou que l’on a connues. Alors, il serait difficile de parler d’isolement social. Internet contribue aussi au maintien de relations, parfois ténues, tandis qu’une plus grande mobilité nous ait demandée.

      Le téléphone mobile diffère. Tout d’abord, il évite l’attente du coup de fil à la maison donc il prom eut la mobilité. A l’opposé de quelque utilisateur d’Internet, socialement isolé, le téléphone portable traduit une intense vie sociale. Cependant, l’échelle du temps est accélérée et l’utilisatrice se trouve en permanence connectée, en permanence disponible.

     Enfin depuis quelques temps, vous pouvez être mobile dans l’espace physique ainsi que dans un espace virtuel. Les transports en commun sont les lieux les plus représentatifs lorsque vous regardez la télévision, discutez avec des amis ou écoutez de la musique tout en vous déplaçant d’un point A à un point B.

      Pour un exemple français, on pourra consulter l'article de Sonia Chardonnel qui compare la mobilité au sein des parcs naturels dans la Revue de Géographie alpine.


Bibliographie sélective :
LENNTORP Bo, (2008), Time Geography - a brief presentation
THULIN Eva, VILHELMSON Bertil, (2008), The Internet, Mobile Phones and the Geographies of Everiday Life, Department of Human and Economic Geography : University of Gothenburg

Detroit - la leçon de géographie d’Eminem

     Au sein de la littérature urbaine, les études sur la ville globale sont nombreuses depuis les années 1990. Si en France cette thématique est traitée par les géographes, les études américaines sont portées par les sociologues. Ainsi, John Friedmann, Goetz Wolff et Saskia Sassen établissent des liens entre la position d’une ville sur le plan international et certaines fonctions : centres financiers, localisation des sièges des multinationales, services aux entreprises à haute valeur ajoutée (publicité, comptabilité, services juridiques, assurances, etc.). Durant la décennie 90, les chercheurs s’intéressent aux villes globales New-York, Londres et Tokyo ainsi qu’aux villes mondiales Paris, Frankfurt, Toronto…

     En parallèle, des maires, sensibles à cette littérature, instaurent des politiques afin de grappiller quelques places au classement. L’actuel maire de Berlin, Klaus Wowereit, s’inscrit dans cette tendance. Les villes de Shanghai et Toronto ont aussi profité de politiques urbaines comme le labelling, l’accueil d’événements internationaux (coupe du monde de football, jeux olympiques, exposition universelle, etc.), la promotion d’une politique culturelle importante, la construction de quartiers résidentiels de haut standing.

     Detroit, « capitale de l’automobile » était-elle une ville mondiale dans les années 1960 ? Cette ville du Michigan accueille l’industrie automobile états-unienne voire mondiale. Ici arrivent les matières premières et des produits semi-manufacturés. De là repartent les produits finis. Ford, GM et Chrysler s’implantent dans la région. Les pouvoirs locaux appuient cette économie en protégeant les travailleurs. Cette politique sociale est complétée par l’union des travailleurs, une des plus puissantes aux Etats-Unis.
     Mais dans les années 1970, une crise économique touche le secteur automobile : le marché américain est saturé, les prix de l’énergie augmentent. De plus, l’organisation du travail peut à présent bénéficier d’avantages comparatifs en délocalisant, sous-traitant certaines tâches géographiquement grâce à un coût de transport réduit. Détroit devient la ville américaine où « l’on ne veut pas aller » : c’est une ville industrielle, il fait froid, il est impossible de s’y déplacer sans voitures, c’est la capitale du meurtre, de grandes émeutes s’y produiront en 1967 et 1984.
     Aujourd'hui, Detroit représente une ville ouvrière où les habitants sont peu élégants mais efficaces (Beverly Hills Cop). Detroit symbolise aussi ces villes ignorées par les recherches urbaines concernant les villes globales. Pourtant celle-ci aurait à enseigner sur cette course à l’étiquette « ville mondiale ». Detroit résume les critiques portées à cette littérature des villes globales.

     Le clip du titre Beautiful d’Eminem rend hommage à cette ville chère au rappeur.


Bibliographie sélective :
FOREIGN POLICY, KEARNEY A. T., THE CHICAGO COUNCIL ON GLOBAL AFFAIRS, (2008), The 2008 global cities index, p 68-76, in Foreign Policy, November-December 2008
FRIEDMANN John, (1986), The World City Hypothesis, p 67-71, in The global cities reader, Routledge: London
FRIEDMANN John, WOLFF Goetz, (1982), World City Formation: An Agenda for Research and Action, p 57-66, in The global cities reader, Routledge: London
LES RENCONTRES INTERNATIONALES, (14 octobre 2009), Detroit au travers du cinema, ENS: Paris
SASSEN Saskia, (1996), Cities and Communities in the Global Economy, p 82-88, in The global cities reader, Routledge: London
SASSEN Saskia, (2002), Locating Cities on Global Circuits, p 89-95, in The global cities reader, Routledge: London

Jarla Sjö - New Urbanism

A concept back in context

One of the Eastern districts of Stockholm, Järla Sjö is of great importance for Swedish industrial history (Gustaf de Laval, Gustaf Dalén and the AGA Company). However, in the 1960s, the district suffers from decline. An architectural competition proposed a plan involving old buildings’ clearance: it met a strong reaction of neighbourhoods.

In 1998, a new project is proposed by Småstaden Arkitekter AB supported by Nacka council. In the new context of flexible production and niche consumers markets, competition between places draws on qualitative differences. After cultural tourism, cities count more on everyday life as a differential value, as well on the spirit of place.

New urbanism refers to planning practices developed in contrast to modern plans (primarily in US suburbs). They criticise the clear separation of urban functions, the preponderance of the car, and the loss of community’s sense. In order to limit sprawling, they advise for a denser and compact build environment, mixing urban functions and types of buildings. This goes along with an extension of public and pedestrian spaces, in order to reintroduce community practices. See Seaside Florida. In Europe, New Urbanism has been enhanced with the question of heritage renovation (Poundbury in United Kingdom).

A mix of urban functions and buildings

Järla Sjö comprises around 700 houses and flats. In the Western part are found towers in contrast to individual houses towards the East, with a few floors transition in the centre, nearby the industries. Accompanying this residential aspect, few services are provided: 2 restaurants (closed Saturday), school, hairdresser, decor shops. Järla Sjö is a fashion cluster principally localised in old industrial buildings (circa 300 companies - MIO, Himla, Mexx, Stockholm Mode Center-, and 1,200 employees).

A way of life

The district is organised around the lake. Car’s presence is limited in favour of pedestrian wandering around the lake. Playgrounds are designed for children, the surrounding environment adapted to strollers. Green spaces attract by their landscaping. It results in a blurring of public/private spaces in balconies, terraces, yards, where sunbathing and games are welcome.

Between community and network

The community is visually created by the urban space unification (sculptures, doors numbers), the identity memories (industrial signs) and the office of the neighbourhood community. 

The neighbourhood relies for services and retailing on Nacka kommun. Järla Sjö’s inhabitants must use public transport towards Stockholm centre for daily work and their recreation/consumption purposes. The fashion cluster appears also to be dependent on Stockholm city.


Bibliographie sélective :
GRACIE Vernon, JERSENIUS Håkan, (2001), Järla Sjö, p 72-73, in PLAN: Swedish Planning in Times of Diversity, Sweden
HUBBARD Phil, (2006), City, Routledge: London
WARF Barney, (2006), Encyclopedia of Human Geography, SAGE: United States of America

NB : Thanks to Estelle Conraux for her contribution to this field presentation

Sur les hauteurs

Situation : Europe, Suède, Uppland, Stockholm, Nacka, Jarla Sjö ; Orientation : Sud
Sur les hauteurs du quartier, la rive opposée se dévoile. A l'arrière plan sont distingués le Globen et les pistes de ski, proches de Stockholm.