The ring is callin' by © AataRax-ya |
- une anglaise avec Mahan et MacKinder
Et puis, en France, la géopolitique était devenue taboue. Car la géopolitique était une science praxéologique utilisée par des politiques allemands, justifiant les actions du IIIème Reich. Alors à la fin des années 1970, des chercheurs tentant d’expliquer le conflit vietnamien, la révolution iranienne ou encore les manœuvres des Soviétiques en Afghanistan sortent du placard cet outil. Ils ne sont pas nombreux, Yves Lacoste sera le grand Monsieur.
Durant ma licence, j’ai croisé le nom d’Yve Lacoste… Mes lectures, lorsque j’ai choisi la géopolitique comme option, m’ont amené à François Thual, Aymeric Chauprade, Michel Foucher et Stéphane Rosière en dehors des traditionnels auteurs d’Hérodote (Barbara Loyer, Béatrice Giblin, Jean-Luc Racine, Frédérique Douzet, Alain Gascon). C’était la licence, c’était le bon temps et j’ai pu écrire une introduction (english version) à la géopolitique française pour mes enseignants du département de géographie humaine à Stockholm. Un comble, Kjellén n’était pas Suédois ?
Aujourd’hui, bienvenue dans les querelles de chapelle du monde académique parisien. La géopolitique, c’est une discipline (Yann Richard), c’est une approche qui ne devrait même pas être enseignée puisque ce n’est pas une discipline (Michel Foucher). Elle est au service de la praxis, elle est praxéologique (Michel Foucher) alors qu’à Nantes, et dans les propos de Sylvie Jaglin, la géopolitique n’était surtout pas une science praxéologique (ni une science, ni praxéologique) puisque c’est ce point précis qui amena aux dérives allemandes.
La géopolitique a pour origine Carl von Clausewitz, Alfred Mahan et Julian Corbett (Yann Richard). Bon, on cherche tout de même à saluer les Français : Paul Vidal de la Blache, Jean Gottmann. Après tout, ils cherchaient eux aussi le lien entre espace et pouvoir politique.
La renaissance de la géopolitique en France est due à deux hommes : Yves Lacoste, Jacques Soppelsa (dixit Jacques Soppelsa). Mais en réalité, il n’existe pas une géopolitique française mais une unique géopolitique (Yann Richard). A l’opposé, d’autres vous proposent une géopolitique française, une geopolitics anglo-saxonne, une démarche allemande et une tradition latino-américaine, un peu militaire tout de même ? Avec tout ça, j’ai même découvert une géopolitique italienne autour de la revue Limes, à l’origine d’Heartland.
La puissance est un concept central de la géopolitique (Yann Richard). Il me semblait pourtant que la puissance était la notion centrale des relations internationales tandis que les enjeux de pouvoir sur un territoire occupaient les géographes que nous sommes. A propos, comment différencie-t-on la géopolitique de la géographie politique, de la géostratégie et des relations internationales ?
Je vous épargne. Vous aussi, surfez sur la vague géopolitique !
Sélection d’enseignements :
DEBIE Franck, (2010), Géopolitique théorique, ENS : Paris
FOUCHER Michel, (2009-10), Géopolitique des frontières, ENS : Paris
SOPPELSA Jacques, (2009), Introduction à la géopolitique, Université de Paris 1 – Panthéon Sorbonne