Tengrela, le 23 juillet 2010, 22h
Moi, je suis une jeune fille, blanche, âgée de 23 ans. Et ma vie est réglée comme du papier à musique.
Alors chaque projet a ses justifications, plus ou moins rationnelles, ses tenants et ses aboutissants. Et je parle le langage gestion de projet.
Sauf que je suis partie sur un coup de tête.
Mon parrain est Burkinabè, figure paternaliste s’il en est. Il y a encore six mois, j’avais un projet africain. Depuis toute petite, mes yeux étaient attirés par cette personne, au teint si différent de mon entourage. Pleinement consciente que mon attirance pour l’Afrique tenait à ce personnage, j’ai construit. Les premiers clubs, les lectures, l’échange avec le Sénégal… à l’université, je me suis passionnée pour les problématiques de l’Afrique de l’Est. Je m’appropriais mon propre projet.
Mais les évènements m’ont rattrapé. Mon parrain est tombé de son piédestal. Toute construction était vaine, le projet Afrique, bien qu’étoffé, s’est écroulé. C’était aussi mon projet le plus ancien et le plus stable.
« Les enfants commencent par aimer leurs parents ; devenus grands, ils les jugent ; quelquefois, ils leur pardonnent. » Oscar Wilde
Il est plutôt bon qu’un piédestal s’effondre et que l’on bâtisse ses propres projets et j’ai appréhendé la transition avec une certaine excitation.
Alors pourquoi partir ? pourquoi maintenant ?
Je crois que le scolaire l’a emporté, pour étoffer mon dossier. Bien sûr, j’aurais pu rester en France. Je reste une fouineuse, une curieuse ; je voulais regarder ce que mon parrain, son personnage cachait : son village, sa famille, sa réalité, son pays… ce que j’avais manqué et qui réclamait cependant mon attention. Je n’aime pas tourner les pages trop vite.
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